
Le Livret A, jadis pilier de l’épargne française, traverse une période sombre. Après des années de succès, ce placement vedette a enregistré un mois d’août catastrophique, avec une collecte famélique de seulement 20 millions d’euros. Un chiffre dérisoire qui tranche brutalement avec les milliards habituellement engrangés durant cette période estivale. La raison de ce désintérêt soudain ? Une baisse drastique du taux de rémunération, passé de 2,4 % à un maigre 1,7 % le 1er août, réduisant à néant son attractivité pour des millions de Français. Les épargnants se détournent d’un produit qui ne leur rapporte presque plus rien, signe d’une défiance grandissante envers les placements traditionnels.
Cette débâcle est d’autant plus préoccupante que le mois d’août est habituellement un moment propice à l’épargne. Le Livret A, autrefois refuge sûr, semble aujourd’hui abandonné, boudé par une population en quête de rendements plus conséquents. Seuls deux précédents, en 2014 et 2015, avaient vu une décollecte durant cette période, mais jamais l’ampleur du désintérêt n’avait été aussi flagrante.
Pendant ce temps, les concurrents jubilent. L’assurance-vie, notamment via ses fonds euros, enregistre des performances impressionnantes depuis le début de l’année, offrant un taux moyen de 2,6 %. Malgré l’absence d’exonération fiscale, elle attire massivement les capitaux, démontrant que les épargnants sont prêts à prendre des risques pour dynamiser leurs placements. Même le Livret de développement durable et solidaire (LDDS), pourtant similaire au Livret A, s’en sort mieux, recueillant 150 millions d’euros en juillet. Ces chiffres soulignent un changement profond dans les habitudes d’épargne des Français, qui ne se contentent plus des miettes.
Malgré un encours global de 609,5 milliards d’euros pour le Livret A et le LDDS, un record en soi, ce montant reste marginal face aux plus de 2 000 milliards d’euros drainés par l’assurance-vie. Quant au Livret d’épargne populaire (LEP), malgré une légère hausse de 330 millions d’euros, il souffre de nombreuses fermetures de comptes au printemps en raison de dépassements de plafonds de ressources, résultant en une baisse de près de 1,7 milliard d’euros depuis fin 2024. Le panorama est clair : l’épargne réglementée est en crise, et les épargnants français cherchent désespérément de nouvelles solutions face à l’érosion de leur pouvoir d’achat et la faiblesse des rendements.








