
L’alternance, ce dispositif plébiscité post-pandémie, voit son avenir s’assombrir de manière dramatique. Après une ascension fulgurante, passant de 290 000 contrats en 2017 à 854 000 en 2024, le modèle est désormais confronté à une crise majeure. Les coupes budgétaires gouvernementales et la réforme controversée du financement de l’apprentissage sont en train de jeter une ombre menaçante sur des milliers de jeunes et d’entreprises.
L’Insee est catégorique : près de 65 000 postes d’alternants devraient purement et simplement disparaître d’ici fin 2025. Cette prévision alarmante résulte d’un rabotage impitoyable des aides aux entreprises, qui, après avoir été un moteur essentiel de ce succès, se voient désormais contraintes de revoir drastiquement leur politique de recrutement. Le gouvernement, sous la pression des finances publiques, dont le coût de l’apprentissage est jugé exorbitant, sacrifie l’insertion professionnelle d’une génération.
Pour les entreprises, c’est un véritable casse-tête. La participation forfaitaire de 750 euros pour les contrats Bac+3 et plus, couplée à une réduction drastique des aides à l’embauche (passant de 6 000 à 5 000 euros pour les PME et de 6 000 à 2 000 euros pour les grandes entreprises), rend l’alternance bien moins attractive. Comment maintenir un niveau d’embauche stable face à de telles contraintes ? Les métiers en tension pourraient être priorisés, mais au détriment de quels secteurs ?
Quant aux étudiants, l’incertitude est devenue la norme. La recherche d’une entreprise relève déjà du parcours du combattant, et la suppression massive de postes ne fera qu’aggraver la situation. La validation des diplômes est directement menacée pour ceux qui ne trouveraient pas de contrat, les poussant vers des stages précaires ou des services civiques, loin de leurs aspirations initiales. L’alternance, autrefois promesse d’emploi, devient un chemin semé d’embûches, trahissant les espoirs de milliers de jeunes.








