
Après des années de scandales et deux catastrophes aériennes ayant coûté la vie à 346 personnes, la Federal Aviation Administration (FAA) lève enfin l’interdiction d’auto-certification pour certains Boeing 737 MAX et 787 Dreamliner. Cette décision, effective dès lundi, sonne comme une victoire amère pour le constructeur, dont la réputation reste entachée par de graves manquements à la sécurité et des problèmes de qualité persistants.
Depuis 2019, la FAA avait retiré à Boeing le droit de certifier lui-même ses 737 MAX, suite aux tragédies de 2018 et 2019 impliquant le 737 MAX 8. Ces accidents, liés à un système de contrôle de vol défectueux (MCAS) et des lacunes dans le processus de certification de la FAA, avaient révélé une dangereuse tendance à privilégier les réductions de coûts au détriment de la sécurité. En 2022, les 787 Dreamliner avaient également perdu cette prérogative en raison de problèmes de production.
La FAA affirme que cette reprise de l’auto-certification fait suite à un « examen approfondi de la qualité de production de Boeing ». Cependant, cette confiance retrouvée est difficile à justifier, surtout après l’incident de janvier 2024, où une porte s’est détachée d’un 737 MAX 9 d’Alaska Airlines en plein vol, suscitant de nouvelles inquiétudes sur la chaîne de production du géant de l’aéronautique. Cet événement avait d’ailleurs conduit la FAA à plafonner la production mensuelle du 737 MAX à 38 exemplaires.
Si Boeing et la FAA alterneront désormais les inspections de sécurité, cette délégation de pouvoir soulève des questions fondamentales sur la capacité de l’agence à maintenir une surveillance rigoureuse. Les critiques fustigent depuis longtemps ce système d’auto-certification, le qualifiant de « la maison des lapins gardée par le renard », où les fabricants sont censés s’auto-réguler. La FAA avait d’ailleurs été jugée « trop laxiste » dans son rôle de surveillance avant l’incident d’Alaska Airlines. L’histoire trouble de Boeing, marquée par des enquêtes, des pénalités et un manque de transparence, ne rassure en rien quant à cette nouvelle ère d’« auto-responsabilisation ».







