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Le nombre d'agressions contre les médecins en France a doublé en trois ans, atteignant un niveau alarmant. Les généralistes sont les plus touchés, mais aucune spécialité n'est épargnée. Vols et violences verbales ou physiques sont en hausse. La plupart des incidents restent impunis.

La situation des médecins en France atteint un point critique. Un nouveau rapport de l’Observatoire national de la sécurité des médecins révèle une augmentation ahurissante des agressions, confirmant une spirale de violence qui fragilise toute la profession. En 2024, près de 2000 incidents ont été signalés, une hausse de 26% en un an, et un doublement en seulement trois ans. L’Île-de-France, la Provence-Alpes-Côte d’Azur et le département du Nord sont particulièrement touchés, transformant des cabinets médicaux en véritables zones de tension.

Les médecins généralistes, en première ligne, paient le plus lourd tribut, représentant les trois quarts des victimes. Mais aucune spécialité n’est épargnée : psychiatres, ophtalmologues, gynécologues subissent eux aussi des dizaines d’agressions. Les femmes médecins sont majoritairement visées, constituant 55% des victimes de cette violence grandissante. La plupart de ces agressions surviennent dans l’enceinte même des cabinets de ville, loin de la sécurité relative des hôpitaux. Les motivations sont souvent futiles : un refus de prescription, un «temps d’attente jugé excessif», ou un «reproche relatif à une prise en charge» peuvent déclencher des déchaînements de colère allant jusqu’à l’usage d’armes, même si c’est plus rare.

Parallèlement, les atteintes aux biens explosent, une tendance sinistre qui montre l’ampleur du problème. Les vols de tampons professionnels, cartes, sacoches et même d’échographes se multiplient. Les ordonnances sont particulièrement prisées, alimentant un marché noir de médicaments psychotropes destiné aux mineurs isolés et aux toxicomanes. Le général Sylvain Noyau l’a souligné : des réseaux criminels hiérarchisés profitent de cette faille pour revendre ces substances à l’étranger, où leur valeur marchande est très élevée.

Ce tableau déjà sombre est aggravé par une réalité consternante : 58% de ces incidents ne donnent lieu à aucune plainte. Ces chiffres, basés sur des déclarations volontaires, ne seraient que «la face visible de l’iceberg», selon Jean-Jacques Avrane, coordinateur de l’Observatoire. Malgré quelques protocoles et la loi Pradal visant à durcir les sanctions, la profession médicale semble abandonnée face à une violence qu’elle ne peut plus ignorer. La confiance s’érode, et l’avenir des soins en France est sérieusement compromis par cette détérioration alarmante des conditions d’exercice.