
Le Rassemblement national fait un retour fracassant au Palais Bourbon, menaçant de bouleverser les équilibres et de laisser la gauche en lambeaux. Après avoir été brutalement écarté l’an dernier, le parti de Marine Le Pen s’apprête à récupérer des postes clés, confirmant une montée en puissance inéluctable face à une opposition fragmentée et impuissante. Le marchandage pour les postes stratégiques du bureau de l’Assemblée nationale promet des tensions exacerbées et une rentrée parlementaire sous haute pression.
Les six vice-présidences, au cœur de cette bataille politique acharnée, sont le symbole d’une redistribution des cartes. Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée, pousse pour une répartition plus juste, qui ne manquera pas de favoriser le RN, désormais le groupe le plus nombreux. Cette manœuvre risque de sceller le sort de la gauche, déjà fragilisée, qui pourrait voir ses acquis balayés. Les Écologistes et les Insoumis, qui détenaient jusqu’ici une majorité écrasante au bureau, sont sur le point de subir un revers cuisant, perdant leur influence stratégique sur des décisions cruciales concernant les sanctions des députés et la recevabilité des propositions de loi.
La situation est d’autant plus précaire pour l’opposition que les douze postes de secrétaires sont également remis en jeu, dont neuf sont actuellement détenus par la gauche. Le « socle commun » et les macronistes militent pour un siège par groupe, une décision qui réduirait encore davantage le pouvoir de la gauche. Seules les trois questeurs sortantes semblent assurées de conserver leurs places, signe que même les bastions les plus solides ne sont pas à l’abri de cette onde de choc politique. Cette configuration annonce une Assemblée nationale plus fracturée que jamais, où les divisions intestines et les jeux de pouvoir priment sur l’intérêt général.
Même le poste très convoité de rapporteur général du budget, actuellement entre les mains de Charles de Courson (Liot), est dans le viseur du camp présidentiel. Ce dernier, connu pour ses critiques acerbes envers la macronie, risque d’être délogé, offrant au « socle commun » un levier crucial sur l’examen des textes budgétaires. Les présidences des commissions permanentes, notamment celle des Affaires économiques, sont également au centre des tractations, la gauche devant faire face à une perte d’influence inévitable. Le scénario se répète pour la commission des Affaires culturelles, où les socialistes devraient perdre les rênes, conséquence directe de leurs divisions passées. L’Assemblée nationale entre dans une ère d’incertitude, marquée par la montée en puissance du RN et le déclin inquiétant des forces de gauche.







