
La récente mobilisation sociale du 2 octobre a sonné le glas des espoirs de nombreux manifestants, marquant un net et douloureux recul par rapport à l’élan du 18 septembre. Avec à peine 195 000 manifestants recensés par le ministère de l’Intérieur – une chute de plus de la moitié – l’amertume et la déception règnent en maîtres dans les cortèges. La grève, autrefois arme redoutable, s’essouffle : le secteur scolaire peine à atteindre 6 % de grévistes, tandis que la fonction publique n’en mobilise que 4 %. Un véritable désastre pour ceux qui rêvaient de faire plier le gouvernement.
De Paris à Lyon, le constat est unanime : une profonde morosité s’est emparée des rangs. « On en a marre de faire des manifs qui ne mènent à rien », confie Marie, fonctionnaire parisienne de 58 ans, autrefois fervente militante des « gilets jaunes ». Le sentiment d’impuissance est palpable. La répétition des mêmes chants, le manque de nouvelles stratégies, tout concourt à une atmosphère pesante. L’idée de bloquer, d’agir différemment, est présente, mais « tout le monde a un peu la trouille », avoue-t-elle, illustrant la peur qui paralyse l’action collective.
L’échec cuisant de la réforme des retraites en 2023 plane comme une ombre menaçante sur les esprits. Beaucoup se sont repliés dans une posture d’attente passive, mais la colère, elle, reste tapie, prête à ressurgir. Cette apathie apparente n’est pas un signe de résignation profonde, mais plutôt un symptôme d’une frustration grandissante face à l’incapacité de changer le cours des choses. La société française semble prise au piège d’une colère silencieuse, mais bouillonnante, attendant l’étincelle qui pourrait raviver la flamme d’une révolte plus radicale. Mais qui osera allumer la mèche ?






