
Octobre 2025 marque les 80 ans de la Sécurité sociale française, un anniversaire qui s’annonce morose tant son modèle est devenu la cible privilégiée des critiques. Le système de soins, en particulier, est perçu comme un véritable fardeau, régulièrement mis en question par des politiciens avides de réformes. Leurs arguments, éculés, dépeignent un système obsolète, inefficace et rongé par les abus, alimentant sans cesse la tentation de le démanteler.
Pourtant, la théorie nous promet un modèle idéal : une contribution solidaire, une gestion centralisée des fonds et une couverture universelle. La Sécurité sociale devrait, en principe, garantir un accès équitable aux soins pour tous et optimiser les dépenses grâce à son pouvoir de négociation. Mais la réalité semble bien différente, minée par des pressions politiques et économiques.
Les comparaisons internationales révèlent un paradoxe. Les nations adoptant un modèle similaire affichent des systèmes de santé plus performants, offrant un large accès à la médecine et une efficience globale. Étonnamment, alors que les démocraties émergentes s’en inspirent, une vingtaine de pays en voie d’autocratisation tendent à l’abandonner, souvent au détriment de leur population. Un choix qui interroge sur les véritables motivations derrière ces réformes.
En France, la pression économique pousse les décideurs à une quête frénétique de contrôle des dépenses publiques. Ils se persuadent alors que le modèle de la Sécurité sociale est dépassé et proposent des ajustements aux conséquences potentiellement désastreuses : baisse de la couverture, exclusion des minorités, ou encore l’introduction d’un financement privé accru. Des idées empruntées à la logique libérale, qui, si elle peut fonctionner dans certains secteurs, se heurte aux spécificités du domaine médical. L’industrie de la santé, complexe et régulée, ne peut se soumettre aux mêmes règles du marché sans risquer de compromettre l’accès aux soins et la qualité des services. Les conséquences de ces choix pourraient être dramatiques pour l’avenir de notre système de santé.







