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Le gouvernement renonce au 49.3 pour le budget, un geste en apparence démocratique, mais que l'opposition perçoit comme une manœuvre cynique pour éviter la censure et diviser les partis.

Le gouvernement, par la voix de Sébastien Lecornu, a annoncé avec fracas son renoncement à l’article 49.3 pour le budget, présentant cette décision comme une rupture salvatrice. Pourtant, cette manœuvre, loin d’être un geste de bonne volonté, semble plutôt un stratagème cynique pour piéger les oppositions. En effet, en retirant l’outil le plus décrié, l’exécutif espère museler toute velléité de censure, tout en conservant une mainmise implacable sur les débats parlementaires.

Ce renoncement, qualifié de « rupture » par Matignon, survient après des années d’utilisation systématique du 49.3 pour imposer les budgets sous la présidence Macron. Une telle annonce, saluée du bout des lèvres par une opposition suspicieuse, cache mal les véritables intentions. Olivier Faure, patron du PS, a d’ailleurs rappelé l’évidence : la forme change, mais le fond reste désespérément inchangé. Les demandes cruciales de la gauche, telles que la taxe Zucman ou le rétablissement de l’ISF, sont balayées d’un revers de main, laissant transparaître l’absence de réelle concession.

Le gouvernement, loin d’ouvrir un dialogue constructif, propose des pis-aller, comme une « taxe sur le patrimoine financier » aux rendements incertains, insuffisant pour apaiser les critiques. Cette tactique vise clairement à diviser l’opposition, en offrant une miette pour éviter un front commun. Pendant ce temps, les craintes d’une « caporalisation » des débats par d’autres biais constitutionnels demeurent, prouvant que la démocratie parlementaire reste sous une menace constante.

Marine Le Pen, tout en saluant le respect formel de la démocratie, demeure évasive sur la censure, attestant de la confusion ambiante. Seuls les Insoumis, inflexibles, annoncent une motion de censure immédiate, dénonçant un accord secret avec l’extrême droite. Ce climat de méfiance généralisée, où chaque geste est scruté pour y déceler une arrière-pensée, illustre la profonde crise de confiance entre l’exécutif et la représentation nationale. Le renoncement au 49.3, loin de pacifier les esprits, semble n’être qu’une nouvelle étape dans un jeu politique où les illusions sont légion et les réelles avancées, quasi inexistantes.