elderly-suffering-hospital-bed
Jean Leonetti dénonce l'adoption "bâclée" d'une loi sur la fin de vie, y voyant une "indécence et provocation". Il craint une fracture sociale et des dérives éthiques, soulignant les failles du texte et le manque cruel de soins palliatifs.

L’examen imminent de deux textes sur la fin de vie au Sénat, prévu dès le 20 octobre, suscite une vive polémique. Jean Leonetti, figure majeure de la législation française sur ce sujet délicat, dénonce une « indécence » et une « provocation » dans la rapidité de cette adoption. Selon l’ancien ministre, cette précipitation menace de fracturer davantage une société française déjà fragilisée.

Le maire LR d’Antibes, à l’origine de deux lois encadrant la fin de vie (les lois Leonetti de 2005 et Claeys-Leonetti de 2016), critique une réforme « bâclée » qui, loin d’apporter des réponses sereines, pourrait semer le chaos. Cette accélération législative intervient dans un contexte politique tendu, sans gouvernement stable ni budget voté, soulevant des questions sur les véritables priorités de l’exécutif.

Les critiques ne se limitent pas à la forme. Jean Leonetti souligne que le texte actuel est loin d’être abouti, comme en témoigne le vote de seulement 54% des députés. Cette faiblesse dans le consensus démocratique est un signal alarmant pour un sujet qui touche à l’essence même de l’éthique et de la dignité humaine. L’Assemblée nationale a d’ailleurs déjà montré une division notable lors de l’adoption de la proposition de loi sur l’aide à mourir, avec 305 voix pour et 199 contre.

Plusieurs voix s’élèvent pour mettre en garde contre les dérives potentielles d’une loi mal pensée. Un collectif regroupant scientifiques et anciens ministres de la Santé parle même d’une « rupture anthropologique », craignant un accès quasi illimité au suicide assisté sous couvert de critères flous. Les critères d’éligibilité, notamment la notion de « phase avancée » ou de « souffrances insupportables », sont jugés trop subjectifs et risquent d’ouvrir la porte à des situations dramatiques pour les personnes les plus vulnérables.

Au-delà de l’aide à mourir, le véritable scandale demeure le manque criant de développement des soins palliatifs. Vingt départements français n’ont toujours pas d’unité spécialisée et la moitié des patients nécessitant des soins palliatifs n’y ont pas accès. Prioriser une réforme aussi controversée sans garantir un accès universel aux soins palliatifs est perçu comme un abandon des personnes en détresse, une faute éthique majeure qui révèle les non-dits économiques et sociaux derrière ce débat.