Georgian-police-repression-Tbilissi
La Géorgie bascule dans le chaos : la police a réprimé violemment des manifestants pro-européens, utilisant gaz lacrymogène et canons à eau. Le parti au pouvoir, le Rêve géorgien, est accusé de dérive autoritaire et de rapprochement avec Moscou, compromettant l'avenir européen du pays.

La Géorgie, en pleine crise politique, a connu de nouvelles violences alors que la police a fait usage de gaz lacrymogène et de canons à eau contre des manifestants pro-européens. Ces derniers tentaient désespérément de pénétrer dans la résidence présidentielle de Tbilissi, samedi, jour d’élections locales qui ont viré au chaos. Des dizaines de milliers de citoyens, lassés, s’étaient rassemblés, érigeant des barricades et y mettant le feu, dans une scène de désespoir grandissant.

Le Premier ministre, Irakli Kobakhidzé, a immédiatement menacé de poursuites judiciaires toute personne impliquée dans ce qu’il a qualifié de « renversement de l’ordre constitutionnel par la violence ». Le ministère de l’Intérieur a ouvert une enquête, confirmant la répression implacable du pouvoir en place.

Ces élections locales, d’ordinaire discrètes, ont pris une importance démesurée, devenant un baromètre de la défiance envers le parti au pouvoir, le Rêve géorgien. Malgré les contestations massives de l’opposition concernant les législatives de 2024, le parti a revendiqué plus de 80 % des voix lors du dépouillement partiel. Une victoire qui sonne comme un nouvel affront pour ceux qui dénoncent une dérive autoritaire flagrante.

L’ex-président emprisonné, Mikheïl Saakachvili, a appelé au boycott et à la manifestation, décrivant la situation comme la « dernière chance » de sauver une démocratie géorgienne moribonde. Il a averti que l’inaction mènerait à davantage d’arrestations et à un abandon pur et simple par l’Occident. Une prophétie sombre qui semble se réaliser à mesure que le Rêve géorgien, au pouvoir depuis 2012, est accusé de se rapprocher dangereusement de Moscou, adoptant des lois controversées et provoquant la suspension du processus d’adhésion à l’UE.

Alors que le parti au pouvoir prétend garantir la « stabilité », il accuse l’opposition de vouloir prendre le pouvoir par la force, et l’Occident de manipuler le pays. Pourtant, les sondages révèlent une réalité tout autre : l’opposition recueille la faveur de 54 % des Géorgiens, contre seulement 36 % pour le Rêve géorgien. Mais cette opposition, fragmentée et divisée, peine à incarner une véritable alternative face à un pouvoir de plus en plus répressif, qui a déjà vu des dizaines de dirigeants, journalistes et militants arrêtés en un an.