
La réforme du scrutin municipal pour Paris, Lyon et Marseille s’annonce comme une véritable bombe à retardement pour la démocratie locale, alors que les députés l’ont validée en deuxième lecture, balayant les inquiétudes des sénateurs. Ce texte, jugé par beaucoup comme un « tripatouillage électoral », vise à démanteler le système en place depuis 1982, créant un précédent dangereux à moins de neuf mois des élections de mars 2026.
Malgré l’échec d’une commission mixte paritaire fin juin, et le rejet initial du texte par le Sénat, le gouvernement s’obstine à vouloir imposer cette réforme. La menace de donner le « dernier mot » aux députés, ignorant l’opposition majoritaire des sénateurs, est une provocation institutionnelle qui ne manquera pas d’embraser le débat public. Le ministre des Relations avec le Parlement, Patrick Mignola, maintient un « espoir » d’accord, mais la détermination du gouvernement laisse peu de place au compromis.
Le changement proposé est radical : au lieu d’un vote unique par arrondissement, les électeurs devront désormais se soumettre à deux scrutins distincts pour élire les conseillers d’arrondissement et ceux du conseil municipal sur une circonscription unique. Si les partisans de cette réforme la présentent comme une avancée pour la « lisibilité » du système, les détracteurs y voient une manœuvre politique cynique pour favoriser certains partis, notamment à Paris. Emmanuel Grégoire, candidat socialiste à la mairie de Paris, dénonce cette réforme comme une aberration, introduisant pour la première fois deux niveaux de légitimité politique pour un même bloc de compétences, et promet de saisir le Conseil constitutionnel.
Cette réforme, loin de simplifier, risque de semer la confusion et d’affaiblir la démocratie de proximité, transformant les arrondissements en simples annexes des mairies centrales. La perspective d’une prime majoritaire réduite à 25% des sièges, contre 50% dans les autres communes, pourrait également engendrer des majorités relatives instables, ajoutant une couche d’incertitude à la gouvernance locale.