
Le tribunal de Nantes est le théâtre d’un drame silencieux : des débiteurs accablés, souvent des divorcés, confrontés à la brutalité du système bancaire. La salle d’audience, étrangement vide, résonne des témoignages de désespoir. « La banque me demande l’intégralité du paiement, et pareil à mon ex-femme. Pour moi, c’est incompréhensible », s’indigne un homme, pris au piège d’un rachat de crédit impayé de 40 000 euros. Cet engrenage infernal est une réalité pour beaucoup, amplifiée par une pratique légale mais dévastatrice : la solidarité des dettes contractées pendant le mariage.
La juge Cécile Hénoux, impassible, répète le même constat amer à ces victimes de la loi : les créanciers peuvent exiger le remboursement intégral auprès des deux ex-conjoints, même divorcés. Une faille juridique qui transforme la séparation en un véritable calvaire financier. Les ex-époux, déjà meurtris par l’échec de leur union, se retrouvent ligotés par des obligations communes, sans échappatoire. Les banques, elles, profitent de cette disposition pour s’assurer un remboursement, quitte à plonger des familles entières dans la précarité la plus totale.
Chaque quinzaine, une quinzaine d’habitants de la région nantaise défilent devant la juge, cherchant une aide illusoire. Ils viennent supplier un recalcul de leurs remboursements, contester des dettes, ou obtenir une protection face au harcèlement incessant des créanciers et des huissiers. Mais aussi exprimer leur honte, leur colère, leur épuisement. Certains sont même assignés pour avoir osé cesser les paiements ou pour des soupçons de « mauvaise foi ». La justice, implacable, épluche alors chaque recoin de leur vie matérielle, transformant l’audience en un interrogatoire humiliant sur fond de crise économique rampante.






