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Après des semaines de tractations et d'incertitude, le gouvernement de Sébastien Lecornu a enfin été dévoilé, un assemblage fragile reflétant la crise politique française.

Après des semaines de tractations houleuses et une France plongée dans l’incertitude politique, Sébastien Lecornu, le nouveau Premier ministre, a (enfin) levé le voile sur la première mouture de son gouvernement. Un accouchement dans la douleur pour celui qui est le cinquième chef de gouvernement sous l’ère Macron en seulement deux ans, signe d’une instabilité chronique qui mine le pays. L’attente fut interminable, près d’un mois après sa nomination rocambolesque, suite à la chute de son prédécesseur, François Bayrou, emporté par une motion de défiance.

Les négociations ont été un véritable champ de bataille, marquées par des pressions intenses émanant de toutes parts au sein du «socle commun». La droite, notamment, malgré des divisions internes profondes, a fini par accepter de se maintenir au gouvernement, non sans grincements de dents. Cette annonce, faite en deux temps, ne présage rien de bon pour la stabilité future. Une seconde vague de nominations est attendue après le discours de politique générale de Lecornu, prévu mardi à l’Assemblée nationale, un exercice à haut risque dans un Parlement plus que jamais fragmenté.

La liste des ministres dévoilée par Emmanuel Moulin, secrétaire général de l’Élysée, révèle un mélange de reconductions attendues et de «surprises» qui ne manqueront pas de faire jaser. Élisabeth Borne conserve l’Éducation nationale, Manuel Valls les Outre-mer, Gérald Darmanin la Justice et Bruno Retailleau l’Intérieur. Bruno Le Maire, lui, troque les Finances pour les Armées, laissant les rênes de l’Économie à Roland Lescure. Catherine Vautrin hérite d’un vaste portefeuille social tandis que Rachida Dati conserve la Culture, malgré les controverses. Jean-Noël Barrot reste aux Affaires étrangères, Éric Woerth prend l’Aménagement du Territoire, Agnès Pannier-Runacher la Transition écologique, Annie Genevard l’Agriculture, Amélie de Montchalin les Comptes publics, Naïma Moutchou la Fonction publique et le Numérique, Philippe Tabarot les Transports et Marina Ferrari les Sports. Un casting qui, loin de rassurer, met en lumière la fragilité des équilibres et la difficulté de bâtir une équipe solide dans un climat de défiance généralisée.

Lecornu est confronté à une tâche herculéenne : diriger un gouvernement minoritaire dans un Parlement où aucun bloc ne dispose d’une majorité claire. Les menaces de motions de censure planent déjà, et la capacité du Premier ministre à faire adopter le budget 2026 sans recourir au controversé Article 49.3 sera son premier véritable test. L’avenir politique de la France semble plus incertain que jamais.