
La Fashion Week parisienne printemps-été 2026, si elle a été riche en événements, a surtout mis en lumière les débuts controversés de Matthieu Blazy chez Chanel. Attendu comme le « job du siècle », ce premier défilé, dévoilé au Grand Palais, a suscité des attentes colossales pour une marque dont le chiffre d’affaires atteint 17,9 milliards d’euros en 2024. Mais cette audace pourrait bien se heurter à la réalité d’une clientèle habituée à l’immobilisme.
Depuis l’ère Karl Lagerfeld, Chanel a toujours cultivé une méthodologie immuable, répétant inlassablement les codes emblématiques : tweed, noir et blanc, camélia. Virginie Viard, sa successeure, avait continué sur cette voie, entraînant une « légère lassitude sur certains looks » selon Bruno Pavlovsky, président des activités mode. Le besoin de « prendre des risques » semble justifier l’arrivée de Blazy, mais à quel prix pour l’identité de la marque ?
Matthieu Blazy, 41 ans, n’avait piloté qu’une seule marque auparavant, Bottega Veneta, où il s’est distingué par des expérimentations textiles. Pour Chanel, il a choisi de recréer un système solaire au Grand Palais, un décor certes « universel », mais qui masque peut-être une peur de la rupture frontale. Ses premières silhouettes, avec des vestes d’homme à bords francs et des épis de blé éparpillés sur des robes, tentent de rompre avec le passé tout en gardant une façade d’élégance.
Cependant, le gigantisme du lieu a empêché de voir les vêtements de près, laissant planer le doute sur la richesse des détails. Blazy affirme que « la femme Chanel est partout dans le monde », une vision qui pourrait déstabiliser les clientes fidèles. Si son « intronisation en douceur » grâce à des pré-collections a pu faciliter son intégration, la véritable question demeure : cette nouvelle direction, loin des sentiers battus, va-t-elle réellement « créer une étincelle » ou plutôt semer la confusion et la déception parmi une clientèle habituée à une certaine constance ? Le pari est risqué, et les retombées pourraient être bien moins glorieuses que les louanges initiales.






