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Un livre tente de déconstruire 60 idées reçues sur l'immigration, un sujet polémique. L'analyse révèle des lacunes sur les aspects sécuritaires, nourrissant les débats houleux.

Un récent ouvrage tente de déconstruire les idées reçues sur l’immigration, un sujet brûlant et particulièrement polarisant dans le débat public actuel. Alors que la tension politique ne cesse de monter, Sophie-Anne Bisiaux, membre de Migreurop, s’attaque à 60 clichés tenaces. L’autrice insiste sur l’urgence d’un débat apaisé, fondé sur des faits plutôt que sur des fantasmes, dans un contexte où la désinformation règne en maître.

L’essai, intitulé « En finir avec les idées fausses sur les migrations », pointe du doigt des assertions courantes comme celle que seuls les hommes, les pauvres ou les Africains migrent. Une contre-vérité flagrante quand on sait que près de la moitié des migrants internationaux sont des femmes, et que la majorité vient de pays à revenu intermédiaire. De même, la perception d’une explosion incontrôlable de l’immigration est nuancée : si le nombre absolu a triplé entre 1970 et 2020, la proportion de migrants par rapport à la population mondiale a en réalité diminué depuis le début du XXe siècle, atteignant seulement 3,6 %.

Malgré l’ambition louable de l’ouvrage, soutenu par de grandes organisations comme Amnesty International et Médecins du monde, sa démarche n’est pas sans failles. Si l’analyse des données chiffrées est souvent rigoureuse et percutante, l’essai perd en crédibilité lorsqu’il aborde les aspects sécuritaires. Les thématiques comme la lutte contre les réseaux de passeurs ou l’externalisation des frontières européennes semblent moins étayées, laissant une impression d’inachevé. Il est regrettable qu’un sujet aussi complexe ne soit pas traité avec une uniformité de rigueur factuelle, laissant subsister des zones d’ombre dans un débat qui en a déjà bien trop.