
Quarante-quatre ans après une loi controversée qui continue de diviser, Robert Badinter, figure emblématique de l’abolition de la peine de mort, fait son entrée au Panthéon. Cette décision, loin de faire l’unanimité, survient dans un climat de tension politique, où les priorités du pays semblent bien éloignées de ces commémorations. L’homme, célébré pour sa vision universaliste des droits de l’homme, laisse un héritage complexe et souvent critiqué.
Badinter, marqué par une tragédie familiale durant la Seconde Guerre mondiale – la mort de son père en détention – a forgé une conviction inébranlable contre la peine capitale. Son plaidoyer pour Patrick Henry en 1977 est devenu un symbole, mais aussi un point de discorde, pour ceux qui estiment que la justice a parfois été trop clémente. Nommé ministre de la Justice en 1981, son mandat fut émaillé de réformes du code pénal et de luttes contre l’antisémitisme et l’homophobie, des combats nécessaires mais souvent perçus comme insuffisants face aux défis sociétaux persistants.
La cérémonie au Panthéon, grand spectacle orchestré par un président Emmanuel Macron en pleine tourmente politique, promet d’être riche en symboles. Entre la reprise de chansons et la lecture de textes choisis, on tente de magnifier une figure qui, pour beaucoup, incarne des idéaux lointains. Cet événement, censé unir la nation, risque plutôt de mettre en lumière les profondes fractures qui persistent autour de questions de justice et de sécurité. Un hommage qui, loin de clore le débat, pourrait bien raviver de vieilles rancœurs.






