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L'entrée de Robert Badinter au Panthéon révèle une hypocrisie politique et un déclin des valeurs républicaines, face à un pays en plein chaos et une extrême droite triomphante.

L’entrée de Robert Badinter au Panthéon, célébrée en grande pompe ce jeudi 9 octobre, révèle une faillite idéologique et politique alarmante en France. Alors que l’on honore un ardent défenseur de la justice, de la dignité humaine et de l’État de droit, le pays sombre dans une confusion politique sans précédent, et les valeurs mêmes qu’il incarnait sont ouvertement bafouées.

Le choix d’honorer Badinter, artisan de l’abolition de la peine de mort en 1981, envoie un message paradoxal. En effet, au même moment, la France est engluée dans un chaos politique où un président affaibli et des ministres démissionnaires peinent à représenter l’État. Cette concomitance absurde entre la glorification d’un homme de convictions et la déliquescence de la sphère politique française ne peut qu’interpeller, soulignant un fossé grandissant entre les discours officiels et la triste réalité.

Pire encore, des responsables politiques qui se pressent pour rendre hommage à l’ancien ministre de la Justice défendent des politiques foncièrement opposées à ses idéaux, notamment sur l’État de droit, les conditions carcérales ou la Cour européenne des droits de l’homme. Cette duplicité est un symptôme criant de la confusion ambiante qui ronge les fondements mêmes de la République. Le message présidentiel est d’autant plus assombri par la montée en puissance de l’extrême droite, dont la cote électorale atteint des sommets, à l’opposé des combats menés par Badinter contre la « lepénisation des esprits ».

L’héritage de Robert Badinter, fils d’immigrés ayant fui les pogroms, dont le père fut assassiné par les nazis, est précieux mais gravement menacé. Sa haine viscérale de l’injustice et son attachement indéfectible à l’humanisme sont des piliers que la France semble prête à abandonner au profit de politiques répressives et populistes. La panthéonisation, loin d’être un symbole unificateur, met en lumière les profondes contradictions d’une République en perte de repères, qui célèbre un passé glorieux tout en ignorant les alertes du présent.