En France, la pluriactivité, ce phénomène où l’on jongle avec plusieurs emplois, n’est plus une simple tendance mais une réalité alarmante, particulièrement chez les jeunes. Fin 2022, pas moins de 2,4 millions de personnes étaient concernées, soit 7,8 % de l’emploi total. Un chiffre qui explose chez les moins de 26 ans, atteignant un sombre 28 %. Cette augmentation inquiétante soulève une question fondamentale : est-ce un choix ou une contrainte face à une économie toujours plus précaire ?
Loin de l’image idéalisée d’une quête de nouvelles compétences ou d’une passion transformée en gagne-pain, la réalité est souvent bien plus amère. De nombreux travailleurs sont forcés de cumuler les postes pour simplement couvrir leurs dépenses essentielles, épargner ou financer des études devenues inabordables. Le rêve de la diversification des activités se heurte à la dureté du quotidien, transformant une aspiration en une nécessité écrasante.
Les modalités de cette pluriactivité révèlent l’ampleur du problème : entre cumuls d’emplois salariés et l’essor du statut d’autoentrepreneur en complément, la fragilité du marché du travail est patente. Comment gérer l’épuisant ballet entre ces différentes activités, sans sacrifier sa santé et sa vie personnelle ? La question reste en suspens, alors que les témoignages affluent, dessinant le portrait d’une jeunesse acculée aux multiples boulots.
Même les médias s’emparent du sujet, lançant des appels à témoins pour tenter de comprendre cette spirale. Mais au-delà des récits individuels, c’est un constat général d’une société où la stabilité économique est une chimère pour une part grandissante de la population. La pluriactivité, loin d’être un signe de dynamisme, est peut-être le reflet le plus criant d’une précarisation généralisée qui ne cesse de s’étendre en France.
