Syrian-refugees-repatriation
Plus de 150 Syriens en situation précaire ont été rapatriés de Libye vers Damas par l'OIM, un « retour volontaire » critiquable vers un pays en reconstruction. La réouverture de l'ambassade syrienne à Tripoli et la reprise des vols directs masquent une réalité difficile pour des milliers de déplacés, entre espoirs déçus et retours forcés.

L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a orchestré le retour de plus de 150 ressortissants syriens de Libye vers leur pays déchiré par la guerre. Ce rapatriement, le premier de l’année pour des Syriens, soulève des questions troublantes sur le sort de ces « personnes vulnérables » renvoyées vers une patrie instable. L’opération, menée le mercredi 8 octobre, a vu 152 Syriens, dont des familles ayant vécu en Libye pendant plus d’une décennie, être transportés de Tripoli à Damas.

Ce programme de « retours volontaires » de l’OIM est présenté comme un moyen de soutenir le « rétablissement du pays » après des années de conflit. Pourtant, la notion de retour volontaire dans un pays encore marqué par la guerre et l’instabilité reste hautement problématique. Les affirmations de l’OIM selon lesquelles ces individus souhaitent « vivre et construire leur avenir » en Syrie masquent la réalité de l’absence d’alternatives viables pour beaucoup.

Ce développement survient alors que des liens diplomatiques sont timidement rétablis entre la Syrie et la Libye. L’ambassade de Syrie à Tripoli, fermée depuis 2012, a rouvert symboliquement ses portes mi-août 2025, bien que sans offrir encore de services consulaires complets. De plus, une liaison aérienne directe hebdomadaire entre Damas et Tripoli, suspendue depuis plus d’une décennie, devrait reprendre le 16 octobre. Ces initiatives visent à normaliser les relations et à faciliter les mouvements, mais pour de nombreux Syriens en Libye, la situation demeure désespérée.

Il n’existe aucun recensement officiel des Syriens en Libye, mais des milliers de familles y résident depuis des décennies. D’autres y ont trouvé refuge après avoir fui la guerre, souvent dans l’espoir de traverser clandestinement la Méditerranée vers l’Europe, tandis que certains ont été recrutés comme mercenaires dans les conflits locaux. Le retour forcé de ces populations vers un pays en ruines est un rappel brutal des défis persistants et de la précarité de l’existence pour des millions de personnes déplacées.