
Malgré l’urgence sanitaire et l’importance cruciale des informations, la France peine à offrir une véritable transparence sur les données liées au Covid-19. L’annonce de la mise à disposition des données issues de l’analyse des eaux usées, censées anticiper l’évolution de l’épidémie, est loin d’être la victoire annoncée. Si le réseau Obépine, créé dans la précipitation, permet de suivre la progression du virus dans nos eaux usées, les freins imposés à la diffusion intégrale des informations gâchent cette avancée potentielle.
Le public reste en grande partie dans l’obscurité. Les collectivités locales, privilégiées, accèdent aux données 72 heures avant le reste de la population, instaurant une inégalité flagrante. Mais le pire réside dans le refus catégorique de publier les données brutes. Sous prétexte qu’elles n’auraient « rien à dire en tant que tel », les chercheurs du réseau Obépine entravent toute contre-analyse indépendante, jetant un voile d’opacité sur des informations vitales. Une telle rétention empêche un examen critique et rigoureux de la situation par d’autres experts, soulevant des questions légitimes sur les motivations réelles de cette restriction.
Cette situation illustre parfaitement la difficulté persistante d’établir une véritable transparence concernant les données publiques en France. Alors que près de 3 millions d’euros ont été débloqués en urgence pour soutenir ce réseau, on peut légitimement se demander pourquoi une publication complète et ouverte n’est pas la norme. Cette opacité risque de miner la confiance du public et de limiter la capacité collective à prendre des décisions éclairées face à une crise sanitaire qui ne cesse de s’aggraver. La « transparence » proclamée n’est, au final, qu’une façade, dissimulant une rétention d’information préoccupante.