
Un vent de fronde souffle sur Madagascar, où une mutinerie militaire éclate, plongeant le pays dans une incertitude inquiétante. Un contingent de la base militaire stratégique de Soanierana, près d’Antananarivo, a lancé un appel retentissant à la désobéissance, exhortant soldats, policiers et gendarmes à refuser les ordres de tirer sur les manifestants. Cette révolte rappelle de sombres épisodes de l’histoire malgache et met en lumière la fragilité du pouvoir actuel.
La vidéo diffusée par les mutins du Corps d’armée des personnels et des services administratifs et techniques (Capsat) est un véritable coup de tonnerre. Ils appellent non seulement à l’unité des forces de sécurité, mais demandent aussi aux militaires protégeant les palais présidentiels d’abandonner leurs postes et de bloquer l’aéroport. Cette escalade intervient alors que des milliers de citoyens défilent dans la capitale, dénonçant un régime de plus en plus contesté, confronté à l’usage répété de gaz lacrymogène et de grenades assourdissantes contre sa population.
Le souvenir de la mutinerie de 2009, qui a porté Andry Rajoelina au pouvoir, plane sur cette nouvelle crise. Les militaires révoltés interpellent directement leurs « frères d’armes » : « Unissons nos forces (…) et refusons d’être payés pour tirer sur nos amis, nos frères et nos sœurs ». Ils les somment de rejoindre le Capsat, de quitter les palais présidentiels et de « empêcher tous les aéronefs sans distinctions de décoller » à Ivato. Un appel clair à la sédition, qui pourrait bien faire basculer le pays dans le chaos.
Malgré les appels au calme du nouveau ministre des Armées, qui prône le dialogue, la situation semble critique. Le Haut-Commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, Volker Türk, a déjà interpellé les autorités malgaches sur l’« usage d’une force inutile », alors qu’au moins 22 personnes auraient été tuées et une centaine blessées depuis le début des manifestations fin septembre. Le président Rajoelina, qui minimise le bilan et qualifie les victimes de « pilleurs », a durci le ton en nommant des militaires aux postes clés, une manœuvre qui pourrait bien exacerber les tensions et précipiter la chute de son gouvernement.






