
Manon Peaucelle, 17 ans, est l’image même de la précarité estivale de la jeunesse française. Revêtue de gants en latex et d’un gilet réfléchissant, elle repeint une porte de club de tennis. Cette tâche, apparemment anodine, s’inscrit dans le programme « Argent de poche », une initiative censée offrir une solution aux jeunes en quête d’emploi. Mais derrière cette façade se cache une réalité bien moins reluisante : un système opaque, mal encadré et potentiellement préjudiciable pour l’avenir des participants.
La lycéenne, après une semaine de petits chantiers, perçoit une indemnisation de 340 euros pour trente-quatre heures de travail. Soit 10 euros de l’heure, un montant qui dépasse le SMIC horaire net pour un mineur. Si cette somme peut sembler attrayante à première vue, elle masque une absence totale de cotisations sociales. Les jeunes participants ne bénéficient d’aucun droit, ni pour la retraite, ni pour l’assurance chômage, les laissant dans une situation de vulnérabilité face à un avenir incertain. Ce programme, issu de l’opération « Ville, Vie, Vacances » de François Mitterrand, semble n’avoir que très peu évolué, s’adaptant mal aux réalités économiques et sociales actuelles.
Le dispositif « Argent de poche » est un véritable monstre administratif. Des dizaines de communes l’utilisent sans qu’aucun organisme national ne supervise ni ne quantifie son recours. Ce manque criant de transparence empêche de connaître le nombre exact de communes et de jeunes impliqués, soulevant de sérieuses questions sur l’équité et l’efficacité de l’initiative. Il est impossible de savoir si ces « petits boulots » se substituent aux emplois d’été traditionnels, souvent plus formateurs et mieux encadrés, ou s’ils créent simplement une main-d’œuvre à bon marché, sans réels bénéfices pour l’insertion professionnelle des jeunes.
À Breteuil, l’initiative est saluée comme une solution, la mairie y consacrant 12 000 euros annuels. Mais pour Manon, l’aveu est frappant : « Personne ne veut embaucher de mineurs, c’était ma seule solution pour travailler ». Cette déclaration révèle la faillite d’un système qui ne parvient pas à offrir de véritables opportunités aux jeunes, les poussant vers des expédients qui, s’ils remplissent temporairement les poches, ne construisent pas un avenir.






