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Le régime malgache est sous pression alors qu'un contingent militaire majeur appelle à la désobéissance et rejoint les manifestants, exacerbant une crise politique déjà tendue. Le bilan humain s'alourdit.

La crise politique malgache prend un tournant alarmant. Après des semaines de contestation populaire violemment réprimée, un contingent majeur de l’armée, stationné près de la capitale, a lancé un appel incendiaire à la désobéissance. Dans une vidéo choc, des soldats ont exhorté leurs camarades à « refuser les ordres de tirer » sur des manifestants, dénonçant un régime de plus en plus isolé. Cet appel a rapidement trouvé écho, des groupes de militaires rejoignant les foules en liesse, signant potentiellement le début d’une fronde généralisée au sein des forces de sécurité.

Les manifestations, initialement focalisées sur les pénuries d’eau et d’électricité, ont dégénéré en un mouvement de contestation massif contre le président Andry Rajoelina. Le mouvement « Gen Z » a réussi à mobiliser des milliers de citoyens, lassés par l’incapacité du gouvernement à gérer les problèmes fondamentaux du pays. Le message des militaires est clair : « Unissons nos forces (…) et refusons d’être payés pour tirer sur nos amis, nos frères et nos sœurs. » Une déclaration qui met en lumière la profonde fracture entre le pouvoir et ses propres forces de l’ordre, censées le protéger.

Malgré les tentatives du nouveau ministre des Armées d’appeler au calme, la situation semble hors de contrôle. Les soldats du Capsat, une unité stratégique, ont même appelé leurs pairs à « empêcher tous les aéronefs de décoller » d’Ivato, bloquant ainsi toute tentative de fuite ou de renfort pour le régime. Le bilan humain est déjà lourd : l’ONU fait état d’au moins 22 morts et d’une centaine de blessés, des chiffres que le président Rajoelina s’empresse de minimiser, qualifiant les victimes de « pilleurs » et de « casseurs ». Une dénégation cynique qui ne fait qu’attiser la colère d’une population déjà à bout.

La situation à Madagascar est désormais critique. La défection d’une partie de l’armée, combinée à une contestation populaire grandissante, expose la fragilité d’un pouvoir qui semble de plus en plus isolé. Le spectre du chaos plane sur l’île, et l’avenir de Rajoelina semble plus incertain que jamais. Les prochains jours pourraient être décisifs pour l’avenir politique de Madagascar, pris au piège d’une spirale de violence et de division.