
Une manifestation houleuse a éclaté le 11 octobre, marquant une escalade dans la contestation contre le projet pharaonique du Canal Seine-Nord Europe. Des collectifs écologistes, dont les Soulèvements de la Terre, ont transformé un rassemblement autorisé en une action choc, dénonçant un projet « écocidaire » et un gaspillage financier colossal. Alors que le coût prévisionnel du canal s’élevait à 5,1 milliards d’euros en 2019, certains opposants évoquent désormais un coût de 7 à 8 milliards, voire 10 milliards d’euros, une somme ahurissante pour un projet dont les bénéfices réels pour la population restent incertains.
Le cortège, rassemblant entre 1 000 et 2 000 manifestants, a délibérément dévié de l’itinéraire autorisé, s’enfonçant à travers champs et bois pour atteindre le chantier. Une trentaine de courageux n’ont pas hésité à se jeter dans le canal latéral de l’Oise, déployant une banderole accusatrice : « 8 milliards pour le canal, rien à l’hôpital ». Cette action symbolique, sous les yeux de gendarmes mobiles qui ont répliqué par des grenades lacrymogènes, met en lumière le profond fossé entre les ambitions des promoteurs et les préoccupations citoyennes. Deux interpellations ont eu lieu pour port d’arme prohibé et dégradation de la voie publique, ajoutant une touche d’amertume à cette journée de mobilisation.
Les critiques fusent de toutes parts. Des experts qualifient le canal de « projet nuisible » et « du siècle passé », soulignant son impact dévastateur sur l’environnement, notamment l’artificialisation de milliers d’hectares de terres agricoles et naturelles et des risques accrus de sécheresse. Le canal, long de 107 kilomètres et large de 54 mètres, est censé relier la Seine aux grands ports européens, un argument balayé par les opposants qui plaident pour le fret ferroviaire et la modernisation des infrastructures existantes. La promesse d’une réduction de la circulation des camions sur les routes ne convainc pas, face à un désastre écologique potentiel et un coût financier qui ne cesse de s’envoler, faisant de ce mégaprojet une véritable gabegie.






