
La crise sanitaire, loin de révéler la dépendance cruciale de nos économies aux travailleurs étrangers, n’a fait qu’accentuer une hostilité déjà palpable envers l’immigration. Malgré les appels désespérés des maraîchers en 2020 et 2021, la promesse de « sauver les récoltes » grâce à une main-d’œuvre venue d’ailleurs s’est heurtée à une réalité politique bien plus sombre. L’opportunisme économique n’a jamais pu masquer le rejet social violent qui gangrène les politiques migratoires depuis des décennies.
Cette contradiction flagrante, un siècle et demi d’histoire n’a pas suffi à la résoudre. La logique utilitariste, qui consiste à exploiter cette main-d’œuvre tout en la repoussant, a trouvé son apogée dans les déclarations de Gérald Darmanin en 2022. Sa promesse d’être « méchant avec les méchants et gentil avec les gentils » pour sa loi sur l’immigration sonnait déjà comme une capitulation face à la complexité du problème.
Le projet de loi, initialement présenté comme une avancée pour la régularisation des travailleurs sans papiers dans les secteurs en tension, a été dénaturé par les querelles politiques. Les enjeux de survie d’un gouvernement sans majorité à l’Assemblée nationale ont eu raison des ambitions initiales. Le texte promulgué en janvier 2024 est une caricature des promesses, un échec retentissant qui illustre parfaitement l’incapacité de la France à concilier ses besoins économiques et ses aspirations sociales en matière d’immigration. Une occasion manquée de remédier à une problématique persistante, préférant la rhétorique à la solution.








