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Le président malgache, Andry Rajoelina, dissout l'Assemblée nationale pour éviter une destitution. Accusé d'abandon de poste et soutenu par la France, il fait face à une contestation populaire grandissante et à un ralliement de l'armée. Le pays plonge dans l'incertitude.

La crise politique à Madagascar a franchi un nouveau seuil. Le président Andry Rajoelina, déjà fortement contesté, a déclenché une dissolution de l’Assemblée nationale par décret ce mardi, une manœuvre désespérée pour éviter une destitution imminente. Alors qu’il est accusé d’abandon de poste et que son départ du pays avec l’aide de la France suscite l’indignation, cette décision plonge l’île dans une incertitude encore plus profonde.

L’annonce, diffusée sur les réseaux sociaux, justifie cette dissolution comme un moyen de « rétablir l’ordre » et de « renforcer la démocratie », des mots qui sonnent creux face à la mobilisation populaire grandissante. Ironiquement, Rajoelina avait appelé la veille au « respect de la Constitution », alors même qu’il semblait fuir ses responsabilités, s’exprimant depuis un lieu inconnu après le ralliement des militaires à la contestation.

Élu en 2018 et réélu en 2023 lors d’un scrutin boycotté par l’opposition, Rajoelina était sous la menace directe d’un vote de destitution pour « empêchement temporaire ». Les députés de l’opposition affirmaient avoir les signatures nécessaires pour un vote lors d’une session extraordinaire, arguant d’une vacance du pouvoir suite au départ du chef de l’État à bord d’un avion militaire français, selon RFI. Ce soutien français, non confirmé par Emmanuel Macron, attise les flammes de la colère anti-française dans les rues.

Le week-end dernier a vu un tournant majeur avec le ralliement du Capsat, une unité militaire clé dans le coup d’État de 2009 qui avait déjà porté Rajoelina au pouvoir, à la contestation. Ils ont appelé les forces de sécurité à « refuser de tirer » sur les manifestants, renforçant la légitimité du mouvement. Désormais, des élections législatives doivent se tenir sous quatre-vingt-dix jours, mais la situation reste explosive. Des milliers de manifestants, jeunes et fonctionnaires en grève, continuent de dénoncer un régime qui semble s’effondrer, avec des pancartes sans équivoque : « Dégage la France », « Dégage Rajoelina et Macron ». Madagascar, déjà l’une des nations les plus pauvres du monde, s’enfonce un peu plus dans le chaos.