
La droite française est à la croisée des chemins, et la décision de ne pas voter la censure du gouvernement jeudi, suite à la suspension de la réforme des retraites, pourrait bien signer son arrêt de mort auprès de sa base militante. Alors que les élus Les Républicains (LR) semblent se ranger, à de rares exceptions près, derrière les consignes de leur direction, le fossé se creuse avec leurs électeurs, profondément heurtés par ce renoncement.
L’annonce de la suspension de la réforme par Sébastien Lecornu a provoqué un véritable tollé à droite. Des parlementaires, bien au-delà du Sénat, expriment ouvertement leurs craintes d’être désavoués dans leurs circonscriptions. C’est un sentiment de trahison qui prédomine chez les militants, voyant leurs représentants abandonner une réforme pourtant cruciale pour l’équilibre des finances publiques. Ce recul est perçu comme un aveu de faiblesse face à la pression, un terrible coup porté à la crédibilité de la droite.
Les scènes de doutes et d’embarras se multiplient, comme en témoignent ces élus qui, dans l’intimité d’une brasserie parisienne, confiaient leur désarroi. Pris entre les appels à la modération de Laurent Wauquiez et les injonctions à la fermeté de Bruno Retailleau, nombreux sont ceux qui cherchent la « moins mauvaise » solution. Mais pour Pierre Cordier (Ardennes), comme pour d’autres, l’heure est grave : la base électorale « vomit tellement Emmanuel » que l’absence de réaction ferme de la droite pourrait bien la détourner définitivement.
Cette situation met en lumière une fracture idéologique béante au sein même de LR. Le parti semble incapable de tenir une ligne claire et de défendre ses convictions face à un gouvernement soupçonné d’être de plus en plus influencé par la gauche. L’inaction face à la suspension de la réforme des retraites n’est pas seulement un revers politique, c’est une crise de confiance majeure qui risque de laisser des cicatrices profondes et d’éloigner durablement une partie essentielle de son électorat.







