
Face aux nouvelles restrictions drastiques sur la tonte et à la pression croissante pour des alternatives « vertueuses », Leroy Merlin lance un service discutable: la location de moutons pour entretenir son jardin. Ce « Plan Bêêê », fruit d’un partenariat avec Greensheep, une société spécialisée dans l’écopâturage, est présenté comme une solution miracle face aux nuisances de la tondeuse thermique. Mais cette approche est-elle vraiment sans faille ou n’est-ce qu’une nouvelle mode coûteuse et contraignante?
L’initiative est opportunément mise en avant après l’entrée en vigueur, le 4 juin, d’un arrêté préfectoral interdisant l’usage des tondeuses entre midi et 16 heures dans 23 départements, prétendument pour réduire les nuisances sonores, limiter les risques liés aux fortes chaleurs et diminuer les émissions de CO2. Ce contexte crée un terrain fertile pour des solutions alternatives, même si elles sont loin d’être universelles.
Le « Plan Bêêê » permet de louer un petit troupeau via le site de Leroy Merlin. Florent Quelquejay, directeur Marché Jardin chez Leroy Merlin, déclare que ce projet « incarne notre ambition: rendre le développement durable concret et désirable pour chacun ». Une affirmation pompeuse pour un service qui soulève des questions. Les bénéfices vantés incluent l’absence de bruit, la non-pollution, la fertilisation naturelle et la promotion de la biodiversité. Cependant, ces avantages ne masquent pas les inconvénients.
Bien que Greensheep ait une certaine expérience avec de grandes entreprises, étendre ce service aux particuliers pose de sérieux défis. Une étude de faisabilité est nécessaire, les animaux sont installés pour une « grande partie de l’année », et un berger local doit assurer un suivi régulier. Non seulement la coupe est loin d’être uniforme – adieu le gazon impeccable – mais cette méthode est également plus lente. Et ne parlons pas des contraintes: les animaux ne peuvent être sur des terrains accueillant du public sans surveillance. Leroy Merlin espère que cette offre, encore marginale, deviendra la nouvelle norme, transformant le vrombissement des tondeuses en bêlements. Une vision utopique face aux réalités et aux contraintes qu’elle impose aux particuliers.