
Une fragile trêve de 48 heures entre le Pakistan et l’Afghanistan a volé en éclats, plongeant la région dans une nouvelle spirale de violence. Les «frappes aériennes de précision» menées par Islamabad près de la frontière afghane ont eu des conséquences tragiques : pas moins de dix civils, dont deux enfants innocents, ont perdu la vie, et douze autres ont été blessés, selon un responsable de l’hôpital provincial de Paktika. Ce bilan macabre inclut huit joueurs de cricket, fauchés alors qu’ils séjournaient dans une auberge pour un tournoi, un détail poignant de la déroute diplomatique.
Le Pakistan a justifié ces attaques en ciblant le «groupe terroriste Hafiz Gul Bahadur», accusant Kaboul d’abriter des terroristes, une allégation que l’Afghanistan ne cesse de démentir. Cette résurgence de la violence n’est que la dernière manifestation des tensions bilatérales persistantes, alimentées par des préoccupations sécuritaires non résolues. Les talibans pakistanais (TTP) restent au cœur de ces accusations, alors que le Pakistan fait face à une vague d’attaques contre ses propres forces.
La trêve, annoncée mercredi, était dès le départ semée d’incertitudes. Islamabad la voyait comme une pause de 48 heures, tandis que l’Afghanistan la considérait en vigueur jusqu’à sa violation. C’est cette ambiguïté dangereuse qui a conduit à la reprise des hostilités, avec un haut responsable taliban promettant des représailles, signe avant-coureur d’une escalade inévitable. Le porte-parole du gouvernement taliban, Zabihullah Mujahid, a bien évoqué des «négociations», mais sans aucune indication de pourparlers concrets, laissant présager un dialogue de sourds.
Cette situation de chaos survient après une semaine d’affrontements d’une rare intensité, ayant déjà fait des dizaines de morts, combattants et civils confondus. Le Premier ministre pakistanais avait déjà pointé du doigt Kaboul, exigeant des «actions concrètes et vérifiables» contre les éléments terroristes. Alors que la Mission d’assistance des Nations unies en Afghanistan (Manua) dénombre 37 civils tués et 425 blessés, l’appel à une cessation durable des hostilités semble de plus en plus dramatique face à la réalité d’un conflit qui ne cesse de s’enflammer, laissant derrière lui un sillage de destruction et de désespoir.






