
Madagascar sombre dans le chaos. Après dix-huit jours de manifestations intenses menées par la génération Z, le président Andry Rajoelina a finalement pris la fuite à Dubaï. Ce mouvement, initialement motivé par des coupures d’eau et d’électricité insupportables, a rapidement escaladé en un appel généralisé à la démission du chef de l’État. La chute de ce président, dont l’élection fut entachée d’irrégularités, ne peut qu’être perçue comme un signe de soulagement, malgré la répression brutale qu’a subie la jeunesse malgache. L’armée a finalement pris parti pour le peuple, évitant un bain de sang.
Rajoelina, déjà arrivé au pouvoir par un coup d’État en 2009, avait promis de transformer Madagascar en pays émergent en cinq ans. Une promesse qui s’est avérée être un mensonge flagrant. L’île, riche en ressources, est devenue le seul pays au monde à s’appauvrir continuellement sans conflit armé. Aujourd’hui, 80 % de la population survit avec moins de 3 dollars par jour, l’éducation est en ruine et les infrastructures routières sont pires qu’à l’indépendance. Pendant ce temps, une petite élite corrompue autour de Rajoelina s’est enrichie, s’accaparant marchés publics et monopoles.
Le cynisme de Rajoelina est frappant. Depuis son exil, il ose contester sa destitution, dénonçant une dérive inconstitutionnelle. Ironique, venant d’un homme qui n’a cessé de bafouer le droit pour consolider son pouvoir, masquant son déni face à la colère populaire. La communauté internationale, complice de ses dérives, ferait preuve d’une hypocrisie insupportable en sanctionnant davantage une population qui vient de se libérer d’un dirigeant indigne.
Même le président français, Emmanuel Macron, s’est maladroitement immiscé dans la crise. Ses préoccupations concernant la «continuité institutionnelle» ont non seulement déclenché l’hostilité d’une population malgache pourtant francophile, mais ont aussi mis en lumière le décalage entre le discours de Paris et la réalité des mouvements en Afrique. Une intervention qui ne fait qu’ajouter à la désillusion et à la méfiance.






