
La prétendue trêve entre l’Afghanistan et le Pakistan, déjà moribonde, est officiellement morte et enterrée. Après des frappes pakistanaises sanglantes, les deux nations se retrouvent contraintes à des discussions désespérées au Qatar, un triste spectacle d’échec diplomatique. C’est ce que rapporte la télévision d’État pakistanaise, un aveu implicite de l’impasse actuelle.
Le ministre de la Défense pakistanais, Khawaja Muhammad Asif, et le chef des services de renseignement, le lieutenant-général Asim Malik, se sont précipités au Qatar pour s’entretenir avec les talibans afghans. Une confirmation rapide du gouvernement taliban, via le porte-parole Zabihullah Mujahid, a souligné l’urgence désespérée de la situation. Mohammad Yaqoub, ministre de la Défense taliban, mène la délégation afghane, signe que les enjeux sont plus que jamais explosifs.
Ces pourparlers de la dernière chance font suite à la mort d’au moins dix civils vendredi soir dans la province afghane de la Paktika, frappée par des attaques pakistanaises. Kaboul accuse son voisin d’avoir cyniquement rompu le cessez-le-feu. Parmi les victimes, trois joueurs de cricket afghans, dont les funérailles tragiques se sont déroulées samedi matin, attestent de la brutalité de ces actions.
Le cessez-le-feu, initialement de quarante-huit heures selon Islamabad, avait été perçu par l’Afghanistan comme valide jusqu’à sa violation inévitable. Aucune des parties n’avait prolongé l’accord, ni même annoncé de discussions bilatérales, laissant présager cette catastrophe annoncée. Malgré les menaces de riposte afghane, le silence de la nuit a régné, mais le porte-parole Mujahid a tristement concédé que seules des « négociations » pouvaient désormais « régler les problèmes ».
Cette flambée de violences, d’une rare intensité, a ramené le calme dans les régions frontalières et à Kaboul, un calme précaire et superficiel. Des dizaines de vies ont été fauchées, combattants et civils, particulièrement mercredi. Le Premier ministre pakistanais, Shehbaz Sharif, a rejeté la faute sur les autorités afghanes, dénonçant l’impunité des terroristes opérant depuis le sol afghan. Islamabad exige des « actions concrètes » et « vérifiables », tout en essayant de « rendre durable » la trêve par la voie diplomatique. Une situation alarmante où la confrontation menace de dégénérer à tout instant, la Mission d’assistance des Nations unies en Afghanistan ayant recensé 37 civils tués et 425 blessés, un bilan effrayant.








