
Derrière la façade impeccable de Metanopoli, quartier d’affaires milanais taillé pour le géant de l’énergie ENI, se cache une réalité bien plus sombre que les CV scintillants ne le laissent entendre. Nicola Sacco, un chargé de communication visuelle au parcours irréprochable, révèle, à travers ses photographies, la mélancolie tenace qui ronge ce microcosme dédié au pétrole.
Depuis 2007, Sacco fait partie des 10 000 âmes qui évoluent quotidiennement dans cette cité singulière, où 6 000 habitants ont lié leur sort à l’ENI. Trois ans durant, il y a même résidé, témoin privilégié de cette existence façonnée par l’entreprise. Ses clichés, pris en douce sur son temps libre, exposent la froideur géométrique des immeubles, l’abondance trompeuse des espaces verts et la propreté clinique des rues. Un décor qui, loin de l’image idyllique, suggère une uniformité oppressante et un manque cruel d’âme.
De la filiale de forage Saipem à la branche de responsabilité sociale de l’entreprise, le parcours de Sacco reflète l’emprise quasi totale de l’ENI sur la vie de ses employés. Metanopoli, présentée comme un modèle de développement d’après-guerre, se révèle être une prison dorée où le destin personnel est indissociable de la multinationale. L’environnement, bien que fonctionnel, ne parvient pas à masquer une atmosphère de vide existentiel, un sentiment que la vie y est plus subie que vécue. Ces images sont un cri silencieux contre la standardisation et l’emprise des mégastructures sur l’individu.






