
L’explosion de la richesse financière et immobilière, bien au-delà de la croissance du PIB, révèle une dangereuse déconnexion dans les économies avancées. Aux États-Unis, la richesse financière des ménages a bondi de 335 % à 447 % du PIB en moins d’un quart de siècle, tandis que l’immobilier suivait une trajectoire similaire. La France et l’Espagne affichent des tendances tout aussi inquiétantes, avec un patrimoine immobilier atteignant des sommets vertigineux. Ces chiffres ne sont pas le signe d’une prospérité durable, mais bien d’une bulle spéculative grandissante.
Cette dynamique alarmante est alimentée par une croissance effrénée des marchés. Le S&P 500 a grimpé de 849 % depuis les années 1990, écrasant la modeste progression de 240 % du PIB nominal. En Europe, l’Euro Stoxx 50 s’est envolé de 83 % depuis 2010, bien au-delà de la croissance du PIB. Les prix des logements ont suivi, augmentant de 240 % outre-Atlantique et de 155 % en Europe. La richesse accumulée, désormais déconnectée de la production réelle, crée une illusion de prospérité qui masque de profondes fragilités économiques.
Les conséquences de cette spirale sont désastreuses. Lorsque la valeur des actifs s’envole, les ménages, se croyant plus riches, augmentent leur consommation et réduisent leur épargne, offrant un soutien artificiel à la croissance. Mais cette dépendance rend l’économie extrêmement vulnérable : la moindre correction des marchés peut entraîner un effondrement brutal de la consommation et de l’investissement. La croissance est ainsi otage de la spéculation, bien plus que de la productivité ou des revenus réels, promettant instabilité et crises à répétition. C’est une construction fragile dont l’effondrement pourrait être inévitable.







