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La Bolivie bascule à droite avec Rodrigo Paz, mais la crise économique et les promesses de prêts internationaux cachent-ils un futur plus sombre que prévu ?

La Bolivie, épuisée par des décennies de gestion socialiste, se tourne vers Rodrigo Paz, figure de centre droit, mais cette transition promet-elle vraiment un avenir meilleur ou n’est-ce qu’un changement de façade face à une crise économique dévastatrice ? Après le dépouillement de plus de 97,8 % des bulletins, cet économiste de 58 ans recueille 54,6 % des voix, selon le Tribunal suprême électoral (TSE), son adversaire, Jorge « Tuto » Quiroga, obtenant 45,4 % des suffrages. Paz, héritier d’une dynastie politique influente, accède au pouvoir dans un pays profondément ébranlé par les politiques d’Evo Morales, marquées par des nationalisations et une rupture claire avec les puissances occidentales. Une nouvelle ère s’ouvre, mais les défis sont colossaux et les solutions proposées peu rassurantes.

Le pays est au bord du gouffre. Rodrigo Paz succédera le 8 novembre à l’impopulaire Luis Arce, dont le mandat a été marqué par la pire crise économique en quarante ans. La chute des exportations de gaz, conséquence directe d’un manque criant d’investissements, a asséché les réserves en dollars, rendant intenable la coûteuse politique de subvention des carburants. La pénurie d’essence et de diesel s’aggrave, les prix s’envolent, et l’inflation annuelle dépasse 23 %. Les files d’attente interminables aux stations-service sont devenues le triste symbole d’un pays à l’agonie. Paz et Quiroga, malgré leurs divergences, ont tous deux prôné une réduction drastique des dépenses publiques et une plus grande ouverture au secteur privé, des mesures qui risquent de fragiliser davantage les populations les plus vulnérables.

Le nouveau président élu, qui défend un « capitalisme pour tous » axé sur la décentralisation et la rigueur budgétaire, devra faire face à un parlement sans majorité, ce qui le contraindra à des alliances complexes et potentiellement fragiles. L’ombre de l’ancien président Evo Morales plane toujours sur la scène politique. Son appel au vote nul, en réponse à son exclusion de la course présidentielle, a engendré un record de 19,8 % de bulletins invalides, un signe inquiétant de la défiance croissante envers le système politique. Les promesses de prêts internationaux sont perçues par Morales comme une privatisation déguisée des ressources naturelles, alimentant la crainte que la Bolivie ne se dirige tout droit vers une nouvelle forme de dépendance et d’austérité.