Middle-Eastern-food-conflict
À Paris, le restaurant Sababa tente une réconciliation palestino-israélienne par la cuisine, une illusion éphémère face à des conflits persistants. Un projet bien naïf.

Dans le 11e arrondissement de Paris, le Consulat Voltaire accueillait récemment une célébration déconcertante : l’inauguration de Sababa, présenté comme le premier restaurant éphémère palestino-israélien de la capitale. Alors que des coupelles débordent de houmous et de labneh sur les tables de banquet, une centaine d’invités se pressent pour lever leur verre à cette initiative. Sous la nef industrielle d’un ancien générateur d’électricité, désormais centre culturel indépendant, on promet aux riverains des plats tels que le maqlouba et le chawarma poulet, des mets censés être appréciés par Israéliens et Palestiniens.

Ce projet, porté par un tandem improbable – Edgar Laloum, Franco-Israélien de 78 ans, et Radjaa Aboudagga, Franco-Palestinien de 58 ans – est né il y a tout juste un an. Leur ambition : créer une utopie gastronomique et politique, persuadés que les délices de la table peuvent miraculeusement combler le fossé entre deux peuples déchirés par des décennies de conflit. Cette idée, à la fois naïve et ambitieuse, ignore la profondeur des tensions et des souffrances qui persistent bien au-delà des frontières de la cuisine.

Si l’initiative se veut un symbole d’unité, elle ne masque pas la fragilité de la situation. L’éphémère nature de ce restaurant souligne la difficulté de maintenir une telle harmonie sur le long terme, surtout lorsque les réalités politiques complexes sont mises de côté au profit d’une vision idéalisée. Le goût de la paix ne se trouve pas uniquement dans l’assiette, et l’optimisme affiché par les fondateurs de Sababa semble bien léger face à la gravité des enjeux.