employee-digital-surveillance-1
La surveillance numérique des salariés, exacerbée par le télétravail, menace la vie privée. Des entreprises licencient massivement sur la base de données collectées par des logiciels espions.

Le contrôle de l’employeur sur ses salariés, autrefois encadré par la loi, est désormais perverti par l’explosion des outils numériques. Ce qui était censé être un simple rapport de subordination se transforme en une surveillance généralisée, menaçant la vie privée et les libertés individuelles, même à domicile. Les garde-fous juridiques, déjà fragiles, s’effondrent face à cette déferlante technologique.

L’article L. 1121-1 du code du travail, censé protéger nos libertés, devient une coquille vide. L’article 9 du code civil, garant de la vie privée, est bafoué quotidiennement. Les entreprises, avides de productivité et de contrôle, exploitent sans vergogne la géolocalisation, les caméras, les webcams et même la biométrie pour créer une véritable « société de traces permanentes ». Avec la généralisation du télétravail, cette intrusion s’étend désormais jusqu’à nos foyers, transformant nos maisons en bureaux sous haute surveillance.

Les exemples alarmants se multiplient : aux États-Unis, les licenciements pour cause de non-conformité aux outils de surveillance sont monnaie courante. La banque Wells Fargo a ainsi congédié des employés coupables d’avoir tenté de déjouer un logiciel espion. Au Brésil, la banque Itaú a purement et simplement mis à la porte plus de 1 000 télétravailleurs, jugés « improductifs » par leurs logiciels de flicage. Ces cas ne sont que la partie émergée de l’iceberg, révélant une tendance glaçante qui sacrifie l’humain sur l’autel de la rentabilité et du contrôle absolu.

Cette dérive autoritaire du monde du travail est un véritable basculement. Elle met en lumière l’échec des régulations actuelles à protéger les travailleurs face à l’avancée inexorable de la technologie. Le salarié n’est plus un collaborateur, mais un simple rouage sous surveillance constante, dont chaque mouvement, chaque clic, est analysé, jugé et potentiellement sanctionné. Il est temps de sonner l’alarme avant que cette surveillance numérique ne devienne la norme irréversible, détruisant toute notion de vie privée et de confiance au sein de l’entreprise.