La dérive continue des Républicains (LR) vers le Rassemblement national (RN) n’est plus un secret, mais une tragédie politique annoncée. L’ancien parti gaulliste, dans sa quête désespérée de survie, semble avoir choisi de se jier à l’extrême droite, risquant ainsi sa propre absorption et servant de tremplin à Marine Le Pen et Jordan Bardella pour leurs ambitions présidentielles. Les dirigeants de LR, loin de freiner cette chute, l’accélèrent, brisant un à un les derniers vestiges du cordon sanitaire qui séparait jadis la droite républicaine de l’extrême droite.
Les preuves de cette convergence alarmante s’accumulent. De l’appel de Bruno Retailleau à ne « aucune voix à la gauche », impliquant un soutien indirect au RN, à la motion de censure européenne votée aux côtés des Patriotes pour l’Europe par François-Xavier Bellamy, chaque acte semble pousser LR un peu plus dans les bras du parti de masse qu’est devenu le RN. Même Laurent Wauquiez, président des députés LR, ne dénonce plus que « la folie de l’extrême gauche », oubliant commodément les dangers de l’extrême droite.
Cette confusion idéologique totale est d’autant plus préoccupante que les deux camps deviennent indiscernables sur des sujets clés comme l’immigration et l’écologie. L’exploitation médiatique des faits divers et la critique systématique des énergies renouvelables et des agents de l’État montrent une homogénéisation des discours. L’affirmation de M. Retailleau selon laquelle l’État de droit n’est ni « intangible, ni sacré » légitime dangereusement des idées qui ouvrent la voie à une « union des droites », dédiabolisant l’extrême droite aux yeux d’un électorat jadis réfractaire.
La stratégie de LR est non seulement dangereuse mais aussi politiquement inefficace. Les sondages révèlent que les sympathisants de droite préfèrent de plus en plus l’original à la copie. Le taux d’électeurs LR qui estiment le RN capable de gouverner ne cesse de grimper, notamment chez les retraités, un électorat crucial. À moins de deux ans de la prochaine élection présidentielle, cette stratégie n’a pas permis à la droite de progresser dans l’opinion. Au contraire, elle a élargi la fenêtre d’Overton, rendant désormais acceptable l’idée de voter pour le RN pour des électeurs qui, auparavant, n’auraient jamais envisagé une telle option. Le suicide politique de LR semble inévitable.
