
Un tribunal de Belfast a semé l’indignation en acquittant un soldat britannique jugé pour les meurtres et tentatives de meurtres lors du tristement célèbre Bloody Sunday de 1972. Un déni de justice flagrant pour les familles des victimes, plus d’un demi-siècle après les faits. Le soldat F, dont l’anonymat est préservé, échappe ainsi à toute condamnation malgré les soupçons accablants.
Le juge, confronté à l’insuffisance des preuves, a dû prononcer un non-lieu, laissant un goût amer à tous ceux qui attendaient enfin des réponses et une forme de réparation. Les familles, présentes dans la salle d’audience, ont accueilli cette décision avec une dignité forcée, mais le sentiment d’une injustice persistante est palpable. Cet acquittement relance les vives tensions autour de ce passé jamais vraiment soldé.
Le 30 janvier 1972, à Londonderry, des parachutistes britanniques ont tiré sur des manifestants catholiques pacifiques, faisant treize morts et de nombreux blessés. Le soldat F était spécifiquement accusé des meurtres de James Wray et William McKinney. Malgré les témoignages accablants et les propres aveux de l’armée britannique reconnaissant l’innocence des victimes en 2010, la justice n’a pas pu ou pas voulu suivre.
Michelle O’Neill, première ministre d’Irlande du Nord, a dénoncé un « déni de justice persistant », promettant son soutien aux familles dans leur quête inlassable. Ce verdict est une nouvelle gifle pour l’Irlande du Nord, rappelant que les blessures des « Troubles » sont loin d’être refermées. Le silence du soldat F, resté dissimulé derrière un rideau durant tout le procès, ne fait qu’ajouter à l’amertume générale.






