Cap-Frehel-lighthouse
Le Cap Fréhel, autrefois site naturel préservé, est aujourd'hui ravagé par le surtourisme. Malgré les tentatives de restauration, la surfréquentation menace son écosystème fragile, transformant ce joyau en une attraction dénaturée.

Autrefois zone sauvage, le Cap Fréhel, dans les Côtes-d’Armor, subit une transformation radicale. Ce site, qui accueillait encore 150 places de parking en 2018, voit désormais sa lande autrefois écrasée par les véhicules tenter de retrouver un semblant de dignité. Les photos aériennes du passé révèlent un littoral terreux et abîmé, submergé par les hordes de touristes en cars et voitures. Le restaurant La Fauconnière, jadis perché sur une falaise, a été purement et simplement démoli pour faire place à une misérable terrasse d’observation. Un « retour à la nature » bien illusoire face à la réalité d’un site qui reçoit 800 000 visiteurs par an.

Malgré les efforts de « restauration paysagère » engagés depuis 2015, la fréquentation reste un problème majeur. En un lundi ensoleillé de fin avril, près d’un millier de personnes envahissent déjà le cap, et ce n’est rien comparé aux 30 000 âmes qui déferlent lors d’événements comme la Route du rhum. Pour accéder au phare, les visiteurs sont désormais contraints de se garer sur un parking payant (3 euros les trois heures) et de marcher 200 mètres sur un chemin de terre sinueux, encadré par des filins métalliques. L’ancienne route, elle, n’est pas condamnée, mais simplement fermée par une barrière mobile, offrant un accès aux personnes à mobilité réduite, une piètre consolation face à la dégradation générale.

Cette « prouesse » de reconversion peine à masquer la triste vérité : le Cap Fréhel est un site constamment menacé par sa propre popularité. La surfréquentation touristique, qualifiée de « pics de fréquentation » par certains, engendre des effets négatifs indéniables sur la flore, la faune et la qualité même du site. Les mesures mises en place, comme le recul de la voiture, ne sont que des pansements sur une plaie béante. Le Cap Fréhel, loin d’être un havre de paix retrouvé, reste une zone sous haute pression, où la nature lutte désespérément pour survivre face à l’assaut incessant des visiteurs, transformant ce joyau en une simple attraction payante et dénaturée.