
Le Sénat a une fois de plus validé une loi sur l’avenir énergétique de la France, s’engageant dans une relance massive du nucléaire. Cette décision, censée éclaircir la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) avant la fin de l’été, intervient sur fond de divergences alarmantes au sein même du gouvernement concernant les énergies renouvelables. L’adoption de cette proposition de loi en deuxième lecture, par 221 voix contre 24, est loin de résoudre les tensions. Le texte doit désormais affronter une Assemblée nationale déjà hostile, où il avait été rejeté en première lecture fin juin, annonçant des débats à nouveau houleux.
Les discussions sénatoriales ont mis en lumière les profondes fissures de la coalition gouvernementale. L’opposition frontale entre le camp macroniste et la droite s’intensifie, notamment après la tribune polémique de Bruno Retailleau (LR), ministre de l’Intérieur, plaidant pour la suppression des « subventions publiques » à l’éolien et au photovoltaïque. Marc Ferracci, ministre de l’Industrie, a publiquement déploré ces propos, insistant sur la compétitivité de certaines énergies renouvelables, défendant un « mix énergétique équilibré ». Une harmonie qui semble de plus en plus illusoire.
Malgré les affirmations du groupe LR d’une vision « non contradictoire », le débat interne à la droite est loin d’être clos. Valérie Pécresse (LR) a elle-même dénoncé la « guerre stérile » entre nucléaire et renouvelables. La gauche, quant à elle, n’a pas manqué de pointer du doigt ces dissensions et l’absence criante de volet financier dans cette loi. Yannick Jadot (écologiste) a dénoncé un texte « irresponsable », sans étude d’impact ni avis du Conseil d’État, laissant dans le flou les conséquences sur le prix de l’électricité, les investissements publics ou la trajectoire climatique. Les écologistes ont voté contre, tandis que socialistes et communistes se sont abstenus, soulignant un manque de consensus palpable.
La majorité sénatoriale persiste avec une vision qu’elle qualifie d’« équilibrée », prévoyant la construction de quatorze nouveaux réacteurs nucléaires et des objectifs ambitieux pour les énergies renouvelables d’ici 2030 (58 % d’énergie décarbonée). Toutefois, l’empressement du gouvernement à publier son décret sur la PPE « avant la fin de l’été », contredisant le calendrier parlementaire, risque de précipiter une décision cruciale sans le recul nécessaire. L’absence d’un moratoire sur l’éolien et le solaire, écarté pour des raisons de procédure, ne fait qu’ajouter à l’impression d’une législation complexe et précipitée.