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Le Mali s'enfonce dans le chaos : Bamako est sous blocus djihadiste et la junte au pouvoir semble impuissante. La menace d'une instauration de la loi islamique pèse sur le pays.

Le Mali se dirige inexorablement vers un scénario cauchemardesque que l’intervention française de 2013 avait vainement tenté d’éviter : la prise de Bamako par les djihadistes et l’instauration de la loi islamique. Depuis septembre, le Groupe de soutien de l’islam et des musulmans (JNIM), affilié à Al-Qaida, intensifie son étau sur la capitale, cherchant à l’asphyxier économiquement. Les attaques ciblées contre les camions-citernes de carburant en provenance du Sénégal et de la Côte d’Ivoire menacent non seulement l’approvisionnement des trois millions d’habitants de Bamako, mais également la fourniture en électricité. La capitale est au bord de la catastrophe, plongeant le pays dans une incertitude terrifiante.

Face à cette situation critique, la junte du colonel Assimi Goïta, auto-proclamé général en 2024 et au pouvoir depuis 2020, montre des signes de faiblesse alarmants. Incapable de briser le blocus djihadiste, Goïta a limogé de hauts responsables militaires pour « insuffisance de résultats », une mesure désespérée qui souligne l’impuissance du régime. Les promesses de sécurité et de souveraineté, qui avaient initialement séduit la population, ont cédé la place à une dérive dictatoriale. L’alliance avec les mercenaires russes de Wagner, désormais remplacés par l’Africa Corps du Kremlin, n’a fait qu’accentuer la misère et la répression. Les élections supprimées, les partis politiques dissous, les opposants emprisonnés et la presse muselée peignent un tableau sombre de la gouvernance malienne.

L’armée malienne, appuyée par les supplétifs russes, s’est rendue coupable de massacres de civils tout en échouant lamentablement à contenir l’expansion djihadiste. Tandis que l’État islamique au Sahel contrôle le nord-est, le JNIM étend son emprise sur une grande partie du pays. La dernière manifestation de l’audace des islamistes est l’exigence, depuis le 17 octobre, que les femmes portent le voile et soient séparées des hommes dans les transports publics. Des témoignages glaçants font état de femmes fouettées pour avoir résisté à ces injonctions. C’est une régression effroyable pour un pays où l’islam confrérique et tolérant avait longtemps prévalu et où les femmes jouaient un rôle civique et politique important.

Plus de douze ans après le début de l’intervention française, soldée par son éviction brutale en 2022, un sentiment de gâchis immense prédomine. Si Paris a sa part de responsabilité dans cet échec, la responsabilité écrasante incombe désormais aux militaires maliens. Leur mépris pour la démocratie et une population abandonnée à la misère et à la violence risque de transformer le Mali en un véritable « Afghanistan africain ». Les conséquences de cette chute seraient incalculables pour les 25 millions d’habitants du Mali et l’ensemble de la région sahélienne.