Russian-singer-protest
La chanteuse russe Naoko, 18 ans, a été condamnée à une amende et risque la prison pour avoir chanté des titres d'artistes opposés à la guerre en Ukraine, symbolisant la répression grandissante des voix dissidentes en Russie.

Le régime russe continue d’étouffer toute voix discordante. La jeune chanteuse de 18 ans, Diana Loguinova, alias Naoko, a été lourdement sanctionnée à Saint-Pétersbourg pour avoir simplement chanté dans la rue. Son crime ? Avoir interprété des morceaux d’artistes qui osent critiquer la guerre en Ukraine, un acte désormais considéré comme un « discrédit de l’armée » par un pouvoir qui ne tolère aucune opposition. Elle a écopé d’une amende salée de 30 000 roubles, soit plus de 300 euros, un montant loin d’être anodin pour une étudiante.

Ce n’est pas la première fois que Naoko est prise pour cible. Elle avait déjà passé treize jours en détention administrative pour « trouble à l’ordre public » après une performance similaire. Deux de ses musiciens ont également subi le même sort, démontrant l’ampleur de la répression artistique. Les autorités les ont accusés d’avoir organisé un « rassemblement public non autorisé » avec une soixantaine de personnes, alors que les avocats affirment que les artistes se produisaient simplement dans la rue, une pratique courante.

Les chansons reprises par Naoko, notamment celles de Noize MC et Monetotchka, sont considérées comme subversives et interdites de diffusion en Russie. Le titre Swan Lake Cooperative de Noize MC est même devenu un symbole discret de la dissidence artistique, rappelant le ballet diffusé à la télévision soviétique lors des changements de pouvoir. Un clin d’œil qui n’a manifestement pas échappé au Kremlin.

La situation est loin de s’améliorer pour la jeune artiste. Deux nouvelles procédures pour « discrédit de l’armée » ont été lancées, chacune pouvant lui coûter 50 000 roubles d’amende. Le pire scénario, en cas de récidive, pourrait l’envoyer en prison pour sept ans. Cette répression sans précédent ne fait qu’accentuer le climat de peur qui règne en Russie, où plus de 10 000 procédures judiciaires ont été ouvertes pour « discrédit » de l’armée depuis 2022. Une chape de plomb s’abat sur la liberté d’expression, poussant de nombreux artistes à l’exil, comme Noize MC, désormais désigné « agent étranger » et contraint de vivre en Lituanie.