syria-war-destroyed
Les États-Unis retirent le groupe Hayat Tahrir al-Cham (ex-Al-Qaïda) de leur liste terroriste, légitimant le régime d'Ahmed al-Charaa en Syrie. Une décision controversée.

La Syrie, dévastée par des années de guerre, bascule dans une ère plus qu’incertaine. Les États-Unis ont officiellement retiré Hayat Tahrir al-Cham (HTC), l’ancien Front al-Nosra lié à Al-Qaïda, de leur liste noire des organisations terroristes. Une décision stupéfiante qui légitime de facto le nouveau gouvernement d’Ahmed al-Charaa, ex-chef jihadiste devenu président par intérim. Comment Washington peut-il justifier un tel revirement, après des années à diaboliser ces groupes ?

Cette volte-face, annoncée par le secrétaire d’État américain Marco Rubio, est présentée comme un pas vers une « Syrie stable, unifiée et pacifique ». Un discours étonnant quand on sait que HTC a longtemps semé la terreur. La dissolution supposée du groupe, fin janvier, et son intégration dans les forces syriennes officielles, servent de prétexte à cette décision. Pourtant, les précédents radicaux de ces factions ne peuvent être balayés d’un revers de main, et les inquiétudes sont vives quant à la protection des minorités.

La levée des sanctions américaines, initiée par Donald Trump fin juin, est censée permettre à la Syrie de se « reconstruire » et de se « reconnecter au commerce mondial ». Une illusion cynique quand plus de 90% des Syriens vivent sous le seuil de pauvreté. Ce geste s’inscrit dans une quête de réalignement géopolitique, cherchant même à pousser la Syrie à signer des accords d’Abraham avec Israël. Une manœuvre qui soulève bien des questions sur les véritables motivations de cette diplomatie.

Le nouveau régime syrien, dominé par d’anciens membres du HTC, affiche un visage de modération, avec Ahmed al-Charaa abandonnant son nom de guerre et adoptant le costume-cravate. Il se dit soucieux des minorités, mais la composition de son gouvernement, avec une seule femme et des représentations infimes des minorités religieuses, contredit ce discours. Pire encore, des massacres récents contre les Alaouites et des affrontements meurtriers avec les Druzes prouvent que la violence et la tension demeurent des réalités quotidiennes. La Syrie s’enfonce-t-elle dans une nouvelle ère de chaos sous couvert de légitimité internationale ?