Une victoire amère pour le Rassemblelement National : le 30 octobre, l’Assemblée nationale a scandaleusement adopté une proposition de résolution visant à dénoncer l’accord franco-algérien de 1968. Si Marine Le Pen se gargarise d’une « journée historique », cette victoire est surtout un symptôme alarmant de la fragilité politique ambiante. Ce texte, juridiquement non-contraignant, n’est qu’un symbole de plus de la dérive droitière du débat public, mais il marque la première fois qu’une initiative du RN est validée dans l’hémicycle.
L’approbation, à une voix près (185 contre 184), n’a été possible qu’avec le soutien de la droite républicaine et d’Horizons, révélant des fractures profondes. L’accord de 1968, qui accorde des clauses spécifiques aux Algériens en matière d’immigration, est devenu un cheval de bataille pour une droite obnubilée par la peur de l’immigration. L’ancien Premier ministre Édouard Philippe et Bruno Retailleau ont malheureusement contribué à normaliser cette rhétorique.
Le plus choquant reste l’inertie consternante des macronistes. Leur faible mobilisation, due à une légèreté coupable ou une complicité passive face à un sujet qui les divise, a offert sur un plateau cette victoire idéologique au RN. Seuls 40 députés macronistes étaient présents, et seulement 30 ont voté contre, tandis que Gabriel Attal, président du groupe Ensemble pour la République, brillait par son absence. La gauche, malgré son indignation, n’a pas non plus réussi à mobiliser toutes ses forces, manquant des voix cruciales même chez La France insoumise, pourtant prompte à dénoncer un texte « raciste ».
Cet « accident déplorable » n’est pas anodin. Il enfonce les lignes défensives du front républicain, illustrant la banalisation dangereuse de l’extrême droite. Le RN ne tire sa force que de la faiblesse et de l’irresponsabilité de ses adversaires. Les digues cèdent une à une, et l’insouciance collective ouvre la voie à des dérives politiques majeures. Il est temps de sonner l’alarme face à cette capitulation progressive.
