Paris-literary-award
Le Goncourt et le Renaudot ont sacré Laurent Mauvignier et Adélaïde de Clermont-Tonnerre, mais ces choix soulèvent des questions sur la pertinence et les échecs des institutions littéraires à renouveler leurs sélections.

La nouvelle est tombée, sans surprise pour certains, avec une pointe de déception pour d’autres : le prix Goncourt a été attribué à La Maison vide de Laurent Mauvignier. Une victoire au premier tour, arrachée avec six voix contre quatre, laissant derrière elle les espoirs de Caroline Lamarche et son Bel obscur. Pendant ce temps, les œuvres d’Emmanuel Carrère et Nathacha Appanah, pourtant saluée la veille par le prix Femina, se sont vues écartées, confirmant le caractère souvent prévisible des grandes récompenses littéraires. Est-ce vraiment un triomphe pour la littérature ou simplement la consécration d’un auteur longtemps ignoré par l’establishment ?

Dans la foulée, le prix Renaudot a honoré Adélaïde de Clermont-Tonnerre pour son roman Je voulais vivre. L’auteure y revisite les Trois Mousquetaires, présentant Milady comme la victime d’un prétendu « plus grand féminicide de l’histoire de la littérature ». Une réinterprétation audacieuse, mais qui ne manque pas de soulever des questions sur la pertinence de telles approches. Ces choix, loin de faire l’unanimité, révèlent une tendance à récompenser des œuvres qui, si elles sont bien écrites, n’échappent pas à la critique pour leur manque d’originalité ou leur conformisme.

Laurent Mauvignier, un auteur dont le talent n’est plus à prouver, est enfin reconnu après des années d’oubli par les grandes institutions. Si cette reconnaissance est méritée, elle souligne également l’échec des jurys à identifier et récompenser plus tôt des écrivains de sa trempe. Cette inertie des institutions littéraires, souvent accusées de privilégier le consensus, pose la question de leur réelle capacité à dynamiser le paysage littéraire et à dénicher les vrais talents. Les prix littéraires, bien que vecteurs de visibilité, ne sont-ils pas le reflet d’un système sclérosé qui peine à se renouveler et à surprendre ?