
Le mythe d’un accès équitable aux services publics s’effondre face à la dure réalité. Un rapport accablant du collectif Nos services publics, publié le 5 novembre, révèle que la simple division géographique entre villes et campagnes masque une multitude d’inégalités criantes. L’approche binaire des fractures territoriales, si souvent mise en avant, ne permet pas de saisir l’ampleur des difficultés rencontrées par les citoyens face aux administrations. La distance physique, bien que problématique, n’est qu’un facteur parmi d’autres, se cumulant de manière alarmante avec la question sociale.
Intitulée « Un service public, pour tous et toutes, vraiment ? », cette étude de près de 300 pages plonge dans les dysfonctionnements des secteurs clés : guichets administratifs, santé, éducation, enseignement supérieur, logement et eau. L’analyse impitoyable des statistiques étatiques et des rapports d’audit, complétée par une immersion dans la vie quotidienne de quatre territoires contrastés (Joigny, Saint-Paul, Meylan, Villeurbanne), met en lumière des mécanismes d’exclusion profondément ancrés. L’âge, la précarité et le niveau de formation des usagers s’avèrent être des obstacles tout aussi redoutables que l’isolement géographique, minant les fondations mêmes de l’égalité républicaine.
Alors que le recul de l’implantation territoriale des guichets publics depuis quarante ans nourrit un sentiment d’abandon légitime dans les zones rurales, au profit des métropoles, le rapport souligne que cette inégalité d’accès est également le résultat direct d’un manque criant de moyens alloués, de difficultés de recrutement des agents et, plus insidieusement, de la déshumanisation du contact. La promesse d’un service public universel semble plus que jamais compromise, piégée entre des coupes budgétaires et une gestion défaillante, laissant de nombreux citoyens au bord du chemin.






