Paris-cemetery-monument
Face à la saturation des cimetières parisiens, la ville lance un tirage au sort pour l'acquisition de tombes patrimoniales, moyennant une coûteuse restauration. Une solution cynique qui révèle les failles de la gestion urbaine.

Paris, ville lumière, s’enlise désormais dans l’obscurité de ses cimetières saturés. Face à une pénurie alarmante de places, la municipalité lance un tirage au sort macabre : acquérir une sépulture patrimoniale à l’abandon en échange d’une coûteuse restauration. Une initiative qui révèle l’échec des politiques urbaines à anticiper les besoins fondamentaux de sa population, même dans la mort.

Les cimetières historiques de Paris, véritables musées à ciel ouvert, sont depuis longtemps engorgés. Des milliers de concessions abandonnées, souvent d’une valeur patrimoniale inestimable, s’y dégradent, intouchables. Plutôt que de trouver des solutions pérennes, la mairie propose une vente aux enchères des défunts. Dix emplacements au Père-Lachaise, dix à Montparnasse, dix à Montmartre : les « chanceux » pourront reposer à proximité d’illustres personnalités, à condition de débourser des fortunes pour remettre en état ces monuments funéraires. Une aubaine pour les entrepreneurs de pompes funèbres, un fardeau pour les familles.

L’engouement est, dit-on, au rendez-vous, avec un millier de candidatures dès les premières 24 heures. Un signe, selon la mairie, de l’intérêt suscité. Ou plutôt le reflet d’un marché funéraire sous tension, où même la mort devient un privilège réservé aux plus aisés. Les exigences sont d’ailleurs claires : devis de marbriers spécialisés, engagement de restauration à l’identique et acquisition d’une concession dans des délais contraints. Tout manquement entraînera l’annulation de la vente et la perte sèche de l’investissement initial. Un risque financier non négligeable pour un repos éternel incertain.

Cette solution, présentée comme un « intérêt écologique » pour le réemploi des monuments, masque mal l’incapacité chronique de la capitale à gérer ses infrastructures. L’adjoint en charge des affaires funéraires vante une opportunité inédite pour les familles, mais à quel prix ? Ce « test » cynique pourrait bien s’étendre, transformant l’accès au dernier repos en une loterie coûteuse et risquée. Une triste fin pour une ville qui prétend au progrès.