
L’Hémicycle, souvent théâtre de joutes stériles, a enfin vu ses membres débattre – sans s’écharper – de la crise démocratique. Ce soudain consensus, presque suspect, serait dû à l’approche des municipales de 2026, moment où les maires, étrangement, retrouvent leur statut de figures intouchables. Ils sont en passe d’obtenir ce qui leur a été refusé des années durant : un statut de l’élu local. Une compensation, bien que tardive, pour un mandat de plus en plus éreintant.
Outre une augmentation de 10% de leurs indemnités, les dispositions visent à améliorer leur formation, faciliter la conciliation entre mandat et vie professionnelle, et renforcer une protection juridique souvent illusoire face aux menaces croissantes. Une proposition de loi qui a miraculeusement abouti après des années de combat, mais surtout après des alertes majeures, comme si la politique n’agissait que sous la contrainte. Il aura fallu une épidémie de démissions – 2 189 maires entre 2020 et 2025, soit 6% du total – et une crise des vocations menaçante pour que le sujet soit pris au sérieux.
Le maire reste la figure politique la plus digne de confiance, loin devant les députés ou le gouvernement, selon une étude récente. Ce constat, s’il est flatteur pour les édiles, met surtout en lumière le gouffre de défiance envers les autres strates du pouvoir. La création de ce statut est présentée comme la solution miracle pour revivifier la démocratie locale et attirer jeunes et femmes. Pourtant, l’ambition est à relativiser. La technicisation croissante de la fonction et la montée des tensions, sources majeures de démissions, ne peuvent être réglées par une simple loi. Le combat est loin d’être gagné.