
Face à une crise du logement persistante, les députés ont voté, dans la confusion la plus totale, un nouveau dispositif fiscal censé inciter à l’investissement locatif abordable. Cependant, cette mesure, issue d’un compromis boiteux, risque fort de décevoir les attentes et de creuser davantage les inégalités. L’objectif louable de créer un « statut du bailleur privé » semble surtout bénéficier aux plus aisés, relançant le débat sur l’équité fiscale.
Le nouveau dispositif prévoit des amortissements fiscaux de 3,5 % à 5,5 % par an pour des logements neufs ou rénovés, avec des plafonds de loyers et des restrictions sur la location aux membres de la famille. Sur le papier, la proposition semble alléchante pour les investisseurs. Mais en réalité, comme l’a dénoncé Claire Lejeune (LFI), cette défiscalisation sera avant tout « une aubaine pour les plus aisés », accentuant la fracture entre les propriétaires et ceux qui peinent à se loger dignément. Pendant ce temps, les ménages modestes continueront de faire face à une pénurie de logements abordables, sans réelle amélioration de leur situation.
Le gouvernement, sous la pression de la gauche, a promis de réduire les prélèvements sur les bailleurs sociaux, qui souffrent depuis 2018 de la réduction de loyer de solidarité (RLS). Cette dernière a considérablement affaibli leurs capacités de construction et de rénovation. Cependant, l’engagement de la ministre chargée des comptes publics, Amélie de Montchalin, reste flou, sans confirmation du montant réclamé par les écologistes, soit 900 millions d’euros. Cette absence d’engagement ferme a conduit les groupes écologistes, communistes et La France insoumise à voter contre la mesure, soulignant les lacunes d’une réforme qui ne s’attaque pas aux racines du problème.
En définitive, cette réforme apparaît comme un pansement sur une jambe de bois, incapable de résoudre la crise du logement en France. Elle favorise un système qui enrichit les plus fortunés sans apporter de solution concrète aux plus vulnérables. La controverse est bien là, et les conséquences de cette loi, loin d’être anodines, pourraient se faire sentir pendant de nombreuses années, perpétuant un cycle d’inégalités croissantes et de déceptions pour des millions de Français.






