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Le Chili est confronté à un choix crucial entre la candidate communiste modérée Jeannette Jara et l'ultraconservateur José Antonio Kast, dans un climat de criminalité galopante et d'incertitude politique. La gauche est affaiblie face à la montée de l'extrême droite.

Le Chili se retrouve au bord du précipice politique, contraint de choisir entre la gauche modérée de Jeannette Jara et l’ultradroite de José Antonio Kast lors d’un second tour présidentiel. Ce duel polarisant, fruit d’un premier tour marqué par une montée alarmante de la criminalité, soulève des inquiétudes majeures quant à l’avenir du pays. Les résultats initiaux, plaçant Jara à 26,71 % et Kast à 24,12 %, peignent un tableau sombre où l’espoir d’une stabilité semble s’éloigner.

Les analystes sont unanimes : c’est une très mauvaise nouvelle pour Jara. Les projections initiales tablaient sur un score bien supérieur pour la candidate de centre gauche, et l’écart avec l’opposition, qui la devance de près du double, ne fait qu’accentuer la fragilité de sa position. Le spectre d’un retour de la droite radicale au pouvoir, une première depuis la fin de la dictature de Pinochet en 1990, hante déjà les esprits, annonçant une ère de troubles.

Le pays, bien que traditionnellement stable, est désormais aux prises avec une explosion de la criminalité. Le taux d’homicides a doublé en une décennie, et les enlèvements ont bondi de 76 % en trois ans. Cette spirale de violence a relégué au second plan les promesses de changement qui avaient porté le président Gabriel Boric au pouvoir, torpillant toute velléité de réforme constitutionnelle. L’arrivée de formes de criminalité organisée, jusque-là inconnues, plonge le Chili dans une incertitude sans précédent.

L’immigration, pointée du doigt par une partie de la population, est devenue un sujet brûlant, alimentant les discours sécuritaires les plus extrêmes. Kast, avec ses promesses d’expulsions massives et de murs frontaliers, capitalise sur cette peur ambiante, tandis que Jara, contrainte de s’aligner sur un discours plus ferme, peine à convaincre. La déconfiture de la droite traditionnelle, symbolisée par le clip raté d’Evelyn Matthei, illustre la radicalisation du débat. Le Chili semble ainsi s’engouffrer dans une période de turbulences, pris entre le marteau d’une gauche affaiblie et l’enclume d’une ultradroite en pleine ascension, avec des conséquences potentiellement désastreuses pour la démocratie.